"Dans la confusion de notre époque quand une centaine de voix contradictoires prétend parler au nom de l'Orthodoxie, il est essentiel de savoir à qui l'on peut faire confiance. Il ne suffit pas de prétendre parler au nom de l'Orthodoxie patristique, il faut être dans la pure tradition des saints Pères ... "
Père Seraphim (Rose) de bienheureuse mémoire

mardi 13 septembre 2011

Staretz Nicodème de Karoulia (Mont Athos) [II]


Staretz Théodose de Karoulia

Staretz Nicodème de Karoulia

La pièce dans laquelle le staretz Nicodème a vécu, fut construite sur le bâtiment principal du kellion comme sur des cuisses de poulet (*) et il semblait qu'un vent fort l'amènerait à s'écrouler! (La pièce avait été construite pour remplacer celle qui avait été détruite par la chute d'un rocher, ce qui n'est pas rare à Karoulia!)  
Les aménagements intérieurs de la salle étaient, comme Père Nicodème lui-même, simples. Lorsque l'on se remémore la vie de Père Nicodème, les paroles de saint Ambroise, staretz d'Optina, viennent souvent à l'esprit: "Là où les choses sont simples, il y a une centaine d'anges, mais où les choses sont compliquées, il n'y en a pas un seul" 
La salle était toujours pleine de livres patristiques. Le staretz appréciait particulièrement la lecture des volumes de la Philocalie, dans lesquels sont conservés les enseignements sur la purification du cœur par les passions, par la voie de la sobriété et de la Prière de Jésus. 
Il connaissait ces livres comme les cinq doigts de sa main. Père Nicodème  lisait également d'autres livres des saints Pères sur la vie spirituelle. Les jours de fête dans sa cellule solitaire du désert il aimait à lire les homélies patristiques et les sermons de cette fête particulière.
*
La révolution de 1917 trouva Père Nicodème comme sous-officier principal. Il avait été impliqué dans des activités militaires au front sud de la Macédoine, à la fin de la Première Guerre mondiale, et avait été blessé trois fois. Ne souhaitant plus vivre dans une Russie qui avait renversé son Tzar divinement oint, il alla avec un compagnon d'armes à pieds à la Sainte Montagne, en voyageant de nuit. De cette façon, Père Nicodème est passé du service de son roi terrestre au service du Roi céleste, le Roi des rois.
Pendant ses premières années sur le mont Athos, Père Nicodème vécut au  Monastère de Saint Panteléimon, ainsi que dans ses skites, Chromitsa et la Nouvelle Thébaïde. Avec la bénédiction du [saint] staretz Silouane, il quitta les skites fourmillantes de moines, et s'installa dans le désert de Karoulia.
A cette époque, il y avait trente-cinq ascètes russes dans les Kellia et kalyves (**) dispersées à travers les terrifiantes falaises. Parmi eux, deux pères spirituels: le Père Dosithée, qui était gentil et condescendant, et Père Théodose, qui était strict et intransigeant.  En conformité avec la bénédiction du [saint] staretz Silouane et les paroles de saint Jean Climaque (L'échelle de l'ascension divine, chapitre 4), Père Nicodème choisit l'intransigeant Père Théodose.

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Comme Père Nicodème l'a rappelé: "Mon staretz était théologien, mais il était strict." Ils maintenaient un contact spirituel avec le [saint] staretz Silouane et lui demandaient conseil.
Père Nicodème décrit sa prime vie avec le staretz Théodose comme suit: 
Le staretz n'avait alors pas de novices, au sens strict du mot. Avant moi, autant que je sache, sept hommes à différents moments avaient essayé de vivre comme ses novices, mais suite à sa demande de stricte d'obéissance selon l'Echelle, Sainte [de saint Jean Climaque], ils ne purent pas tenir et ils partirent après une six mois ou une année. Les moines vivaient dans des kalyves séparées, soit seuls, soit par deux. Il y avait une vingtaine de ces kalyves à Karoulia, et le staretz Théodose était leur père spirituel commun. 
Les samedis, dimanches et jours de fête, ils se réunissaient tous pour les offices communs. Les dimanches et jours de fête, ils célébraient les vigiles et Liturgies; en semaine, tout le monde faisait les offices dans sa propre cellule selon un nombre défini de chapelets, ou selon les livres liturgiques. Après la Liturgie il y avait toujours un repas en commun. Les moines apportaient chacun ce qu'ils avaient, et tandis que le staretz consommait les Saints Dons et rangeait les choses dans le sanctuaire, le repas était préparé. Au repas, le staretz s'entretenait avec les frères, rassasiant ses fils spirituels, louant quelqu'un pour ses bonnes actions, si nécessaire, donnant des explications à des questions qui avaient été posées, ou faisant à quelqu'un une bonne remontrance devant tout le monde. Ceci arrivait souvent à moi en particulier, car je voulais être son novice.

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après
ORTHODOX WORD
Issue #278, May-June 2011,
Vol. 47, No. 3:
Elder Nikodim
of Karoulia
Elder Nikodim of Karoulia; 
by Hieroschemamonk Ephraim of Karoulia
St. Herman of Alaska Brotherhood,
California, USA

(*)Une aractéristique bien connue du folklore slave est une cabane qui se trouve effectivement construite sur des cuisses de poulet.
(**) Kalyve: une habitation monastique, généralement de petite taille, avec parfois une chapelle attenante, et soit indépendante ou appartenant à une skite.

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