"Dans la confusion de notre époque quand une centaine de voix contradictoires prétend parler au nom de l'Orthodoxie, il est essentiel de savoir à qui l'on peut faire confiance. Il ne suffit pas de prétendre parler au nom de l'Orthodoxie patristique, il faut être dans la pure tradition des saints Pères ... "
Père Seraphim (Rose) de bienheureuse mémoire

mercredi 7 mars 2012

Métropolite Jonas ( OCA): Ne sois pas rancunier, ne réagis pas, garde ton calme intérieur (1)



Quand j'étais au séminaire, j'ai eu la grande bénédiction de devenir le fils spirituel d'un évêque grec, l'évêque Kallistos de Xelon. Il termina sa vie comme évêque de l'archidiocèse grec de Denver. C'est lui qui m'a appris la prière de Jésus. La vision spirituelle d'ensemble de l'évêque Kallistos avait trois points très simples. Ne sois pas être rancunier. Ne réagis pas. Garde le calme intérieur.

Ces trois principes ou disciplines spirituels, sont vraiment un résumé de la Philocalie, le recueil de la sagesse spirituelle orthodoxe chrétienne. Et ce sont des disciplines que chacun d'entre nous peut pratiquer, peu importe où nous en sommes dans la vie - si nous sommes dans le monastère ou à l'école; si nous sommes ménagères ou à la retraite; si nous avons obtenu un emploi ou que nous avons encore des petits enfants après lesquels courir. Si nous pouvons nous en tenir à ces trois principes et les appliquer, nous serons en mesure d'aller plus loin et plus profondément dans notre vie spirituelle.


Ne sois pas rancunier
Quand on regarde tous les échos intérieurs qui sont dans nos vies, nos cœurs et nos âmes, que trouvons-nous? Nous trouvons des ressentiments. Nous trouvons le souvenir des torts. Nous trouvons des auto-justifications. Nous trouvons en nous-mêmes ces causes d'orgueil. C'est l'orgueil qui nous fait tenir à nos justifications pour maintenir notre colère contre d'autres personnes. Et c'est  l'orgueil blessé, ou la vaine gloire, qui alimente notre envie et notre jalousie. L'envie et la jalousie conduisent au ressentiment.
La rancœur conduit à une foule de problèmes. Plus nous sommes rancuniers envers les autres, plus nous devenons déprimés, et plus nous sommes consumés par le désir d'avoir ce qu'ils ont, ce qui est de l'avarice. Souvent, nous allons ensuite nous engager dans l'usage addictif de la substance du monde matériel - qu'il s'agisse de nourriture ou d'alcool ou de drogues, de sexe ou d'autre chose - pour nous traiter par l'oubli et nous distraire de nos ressentiments.
Une des choses les plus précieuses et les plus importantes que nous pouvons ainsi faire est de considérer tous les ressentiments que nous avons. Et l'une des meilleures façons d'y parvenir est de faire une confession de vie. Et pas seulement une fois, avant que nous soyons baptisés ou chrismés [lorsque l'on se convertit/ndt]. Au cours de notre vie spirituelle, nous pouvons en faire plusieurs, afin de vraiment creuser dans notre passé et regarder ces ressentiments que nous portons contre d'autres personnes. Cela nous permettra de faire le travail difficile qu'il faut pour vaincre ces ressentiments à travers le pardon.
Que signifie pardonner? Pardonner ne signifie pas excuser ou justifier les actions de quelqu'un. Par exemple, en disant "Oh, il m'a insulté, mais ça va, c'est juste sa nature", ou bien  "je l'ai mérité." Non, si quelqu'un vous a maltraité, c'était un péché contre vous.
Mais lorsque nous gardons des rancœurs, lorsque nous contenons de la colère et de l'amertume en nous-mêmes contre ceux qui ont abusé de nous en quelque sorte, nous prenons leur abus et nous le poursuivons contre nous-mêmes. Nous devons arrêter ce cycle. Il est très probable que cette personne a disparu depuis longtemps et a oublié depuis longtemps que nous avons même existé. Mais peut-être que non. Peut-être était-ce un parent ou quelqu'un d'autre de proche, ce qui rend le ressentiment d'autant plus amer. Mais pour l'amour de notre propre âme et pour le bien de notre propre paix, nous avons besoin de pardonner. 
Nous ne devrions pas justifier l'action, mais nous devrions ignorer l'action et voir qu'il y a là une personne qui est aux prises avec le péché. Nous devrions voir que la personne contre laquelle  nous avons de la rancœur, la personne que nous avons besoin de pardonner, n'est pas différente de nous, qu'elle pèche comme nous le faisons, et nous péchons juste comme elle le fait.
Bien sûr, cela aide si la personne pour laquelle nous avons de la rancœur, la personne qui nous a offensés ou a abusé de nous en quelque sorte, nous demande pardon. Mais nous ne pouvons pas attendre que cela arrive. Et nous ne pouvons pas nous en tenir à nos ressentiments, même après avoir dit extérieurement que nous avons pardonné. 
Pensez à la prière du Seigneur: "Pardonne-nous nos offenses comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés." Si nous ne pardonnons pas, nous ne pouvons même pas prier la prière du Seigneur, sans nous condamner. Ce n'est pas que Dieu nous condamne. Nous nous condamnons par le refus de pardonner. Nous n'aurons jamais la paix si nous ne pardonnons pas, mais seulement la rancœur. C'est l'une des choses les plus difficiles à faire, et notre culture ne le comprend pas. Cela consiste à regarder la personne à laquelle nous devons pardonner, et à l'aimer - en dépit de la façon dont elle peut avoir péché contre nous. Son péché est son péché, et elle doit y faire face elle-même. Mais nous péchons dans notre réaction contre son péché.


Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après

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