"Dans la confusion de notre époque quand une centaine de voix contradictoires prétend parler au nom de l'Orthodoxie, il est essentiel de savoir à qui l'on peut faire confiance. Il ne suffit pas de prétendre parler au nom de l'Orthodoxie patristique, il faut être dans la pure tradition des saints Pères ... "
Père Seraphim (Rose) de bienheureuse mémoire

samedi 22 février 2014

Vie de l’higoumène Philaréta d’Oufa (1/3)


Grâce à diverses publications, le monde anglophone [et francophone] se familiarise progressivement avec les grands Pères monastiques et les startsy de la Sainte Russie, en particulier ceux de ces monastères de renom que sont Optina et Valaam. Presque rien, cependant, n’est dit à propos de ces higoumènes et moniales qui ont fait des contributions tout aussi importantes à l'épanouissement de la vie monastique et pour la diffusion dans la société de l'idéal chrétien. Peu de gens savent que les couvents  de femmes étaient de loin plus nombreux que les monastères d'hommes. Les femmes ont lutté tout aussi vaillamment que les hommes dans le domaine spirituel, et elles se sont trouvées sur toutes les voies de la vie monastique, que ce soit en ermites, dans les skites du désert, ou dans de grands couvents. Certaines ont lutté dans l'obscurité tandis que d'autres ont apprécié le patronage de certains pieux membres de la haute société. Mais que le couvent ait été grand ou petit, riche ou pauvre, l'objectif commun de l'union avec Dieu produisit une fragrance spirituelle qui attira et encouragea de nombreux êtres sur le chemin du salut.


   Le Couvent de l'Annonciation d’Oufa a été parmi ceux bien connus pour le niveau spirituel élevé de ses moniales. C’était le fruit de sa fondatrice, l’higoumène Philaréta, qui était elle-même disciple de saint Séraphim de Sarov et du grand staretz Philarète de Glinsk. Un récit de sa vie est inclus dans le Patericon de Glinks à partir duquel il est condensé ci-dessous pour l'édification de nos lecteurs.

     Stéphanida Stéphanovna Bytchkova, la future higoumène Philaréta, est née en 1807 dans une famille ecclésiastique de rang moyen. Sa mère était analphabète et demandait souvent aux enfants de lire à haute voix la Parole de Dieu ou de lui raconter les lectures de l'Écriture entendues à l'église. Dans le même temps, elle les habitua à travailler. Stéphanida, fille cadette, était spécialement caractérisée par sa piété, même si elle avait une nature très animée qui parfois lui causa des ennuis. À l'âge de 10 ans, elle fut confiée à une femme très pieuse et bien éduquée qui lui donna une base solide dans les compétences d'apprentissage de base, ainsi que de diverses formes de travaux manuels. Chaque matin, après ses prières, Stéphanida lisait la vie du saint du jour, puis répondait aux questions.

    Quand elle revint chez elle après quatre ans, ses parents commencèrent à penser à lui trouver un époux convenable, mais déjà la jeune fille avaient conçu le secret désir de devenir moniale. N'osant rien dire à ses parents, Stéphanida se tourna avec des larmes brûlantes et une prière ardente vers son ange gardien, et vers la Reine du Ciel. 

Par la Providence de Dieu, les circonstances se disposèrent de telle sorte que bientôt toutes les pensées de mariage furent mises de côté. Jean, le jeune frère de Stéphanida tomba gravement malade et souffrit pendant deux ans d’une maladie de la jambe jusqu'à ce que des moniales de l'Ermitage des Sept Lacs viennent au village avec l’Icône thaumaturge de la Mère de Dieu de Smolensk. Le jeune garçon fit une grande métanie devant l'icône en priant de tout son cœur. Alors que l'icône fut passée au-dessus de lui, le garçon qui souffrait constata  soudain la cessation complète de la douleur. En signe de gratitude pour un tel miracle, les parents autorisèrent Stéphanida à accompagner l'icône de retour à l’Ermitage où elle resta pendant un mois, travaillant à diverses obédiences, expérience qui ne fit que confirmer son désir de la vie monastique.

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après
GLINSK PATERICON
ST. XENIA SKETE
Wildwood, California
1984

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