"Dans la confusion de notre époque quand une centaine de voix contradictoires prétend parler au nom de l'Orthodoxie, il est essentiel de savoir à qui l'on peut faire confiance. Il ne suffit pas de prétendre parler au nom de l'Orthodoxie patristique, il faut être dans la pure tradition des saints Pères ... "
Père Seraphim (Rose) de bienheureuse mémoire

dimanche 2 mars 2014

STARITZA NIKODIMA DE DIVIYEVO † 2/15 mars ( 1990) [5]


5. Le Temps des Troubles

Holy Hieromartry Seraphim (Zvezdinsky)

Saint Hiéromartry Séraphim (Zvezdinsky)

Avant que le monastère ne soit fermé, une période de troubles a commencé. Vladyka Séraphim (Zvezdinsky) y vécut en exil. Comme l'a dit Matouchka, et comme cela est écrit dans les Chroniques, saint Séraphim avait dit: "Je n'ai jamais rien fait ici sans la bénédiction de la Reine Céleste. Tout est la volonté de la Mère de Dieu." 
Le Saint n'y bénit jamais [de travaux] des beaux-arts: pas de peintures, de broderies, ou quoi que ce soit. Sous l'higoumène Maria Ouchakova, le monastère prospéra, et beaucoup de choses furent introduites, y compris une très bonne école d'iconographie. Il y avait quelques objets d'artisanat d'artistes très habiles, des brodeuses d'or, et des dentellières. Lorsque le monastère fut fermé [et confisqué], le gouvernement soviétique tenta de l'utiliser à son profit. Ils décidèrent de construire un secteur de travail basé dans le monastère où ce bel artisanat serait produit; le gouvernement soviétique donnerait de l'argent pour cela, et ces objets seraient vendus à l'étranger. 
Une division naquit dans le monastère, car le Père Séraphim ne donna pas sa bénédiction pour gagner de l'argent par leur travail; [il dit que] le monastère devait vivre par ses propres travaux, mais il ne fallait jamais faire quoi que ce soit pour vendre, car la bénédiction de la Mère de Dieu n'était pas acquise sur ce point. Naturellement, il y eut une division dans le monastère, car après tout, le monastère devait vivre d'une façon ou d'une autre. La Mère higoumène était soucieuse de sa survie. 
Vladyka Séraphim protesta tout de suite, et il s'est alors produit une rupture entre lui et l'higoumène. Comme l'a raconté Mère Nikodima, il ne les a pas bénies pour gagner de l'argent, en disant: "Nous allons travailler pour le gouvernement soviétique, mais nous ne prendrons pas d'argent, nous allons travailler gratuitement, et puis le monastère sera maintenu." Eh bien, répondit l'higoumène: "Et comment allons-nous vivre?" L'évêque dit: "Le Seigneur nous nourrira, mais il ne faut pas prendre de l'argent, nous ne devons pas faire de ce lieu un secteur de travail."
La bienheureuse Maria Ivanovna, qui était la dernière grand esclave de Dieu, était une grande clairvoyante. Matouchka Nikodima était très près d'elle, et elle aimait aussi Matouchka, parce qu'elle lui avait été confiée. Quand Prascovia Ivanovna mourut, Maria Ivanovna prit soin de Matouchka, et elle était entièrement sous sa direction. Maria Ivanovna était au-dessus de toutes ces moniales qui étaient dans ce secteur de travail, ce qui signifie qu'elles avaient convenu de travailler, mais de ne pas recevoir d'argent pour cela. C'étaient l'évêque Séraphim (Zvezinsky), Maria Ivanovna, les "vingt" comme on les appelait, car il y en avait vingt en tout, qui tenaient à ce point de vue. Matouchka était dans une telle disgrâce, qu'elle tomba dans cette vingtaine. C'en est venu au point que puisqu'elles ne se soumettaient pas à l'higoumène, l'évêque et l'higoumène eurent un désaccord. (Dans le livre, Nouveaux Martyrs et Confesseur de Russie par le hiéromoine Damascène, l'évêque Séraphim rapporte qu'il était venu vers Maria Ivanovna se plaindre de la façon dont lui et l'higoumène étaient en désaccord, elle dit seulement: "Ils sortiront tous les deux ensemble." Et en vérité, le NKVD les emmena tous deux ensemble à Nijni-Novgorod). Maria Ivanovna prit la tête de ces vingt, et les bénit pour tenir ferme jusques à la fin. Ensuite, l'higoumène les bénit toutes pour être "détonsurées", et enlever leurs vêtements monastiques et leurs chapelets. Pour ceux qui ont vécu dans un monastère à l'époque, ce fut la pire mesure possible. 
Que devraient-elles faire? Mais la bienheureuse Maria Ivanovna, comme chef de file des moniales en disgrâce, fut enfermée et n'eut pas le droit de sortir, pour l'empêcher de leur donner des conseils. Matouchka déambulait en pleurant car il n'y avait personne à qui s'adresser, Maria Ivanovna était enfermée, et elle ne savait pas quoi faire. Mais elle décidd'aller de toute façon vers "Mamachenka" (Petite Mère, c'est ainsi qu'ils l'appelaient). 
Elle s'approcha de la cellule, et la bienheureuse la vit par la fenêtre. Eh bien, Matouchka avaient alors des clés, même tout  une trousseau de clés. Je ne sais pas quelle obédience elle avait à l'époque, mais elle avait des clefs accrochées à sa ceinture. Maria Ivanovna lui dit: "Pacha, ouvre-moi la porte." " Comment puis-je ouvrir la porte, Mamachenka?" " Eh bien, tu as des clés suspendues là." "Mais laquelle est la clé pour ouvrir la porte?" " N'importe laquelle, Pacha!". 
Elle a donc pris la première qu'elle a trouvée et elle a ouvert facilement la porte. Bien sûr, elle était tout en larmes. "Mamachenka, que dois-je faire?" Mais Maria Ivanovna ne l'a même pas laissée finir (c'est ainsi qu'étaient ces esclaves de Dieu!), et elle a dit: "Pachenka, va maintenant marcher le long du canal; Mère Théophila te rencontrera en cours de route (elle sait tout), et elle te dira: "Pachenka, la Mère higoumène te bénit pour enlever ta kamilavka. Et tu lui répondras: "Bénis, Mère!" Et tu enlèveras ta kamilavka"... (Ceci est un exemple de fermeté pour l'amour de la vérité, c'est-à-dire si vous perdez tout, vous ne devez jamais perdre la vérité). Maintenant, va, Pacha, et verrouille la porte." "Mais avec quelle clé, j'ai oublié quelle clé j'ai utilisé pour l'ouvrir." "Il suffit d'utiliser n'importe quelle clé." Et ainsi, avec une clé tout aussi inconnue, elle referma la porte. Quels êtres de prière extraordinaires! " et vraiment je suis allée marcher le long du canal," dit-elle, "quand j'ai vu Mère Théophila, qui a dit , " Pachenka, pardonne-moi, mais Mère higoumène te bénit pour ôter ton Kamilavka. C'est une obédience." "Bénis, Mère!"

Blessed Maria Ivanovna.

Bienheureuse Maria Ivanovna

Il faut dire que toutes les prophéties de la bienheureuse Maria Ivanovna et de Vladyka Séraphim (Zvezdinsky) devinrent réalité, car ils avaient dit que s'ils prenait l'argent, le monastère serait fermé. Si ces commandements étaient gardés le monastère durerait. Peu de temps après que le secteur de travail ait été élaboré, juste au moment où l'argent est arrivé, le monastère a été fermé, juste pour la fête de la Mère de Dieu "Joie de tous les affligés." Ils avaient une église dédiée à cette icône. 
Mère Nikodima nous a raconté à ce propos... Au dernier office de l'église, toutes les moniales s'assemblèrent en larmes pour se dire adieu. Elle est allée vers la bienheureuse Maria Ivanovna et lui a dit: "Mamachenka, je vais à l'office pour dire au revoir à tout le monde." Mais Maria Ivanovna ne lui permit pas d'y aller: "Non, n'y va pas," dit-elle. " Que veux-tu dire, n'y va pas? C'est la dernière fois, le dernier office dans le monastère. Comment puis-je pas y aller?" "Un roc est tombé là." répondit-elle. "Quel roc? Il n'y a pas de roc qui soit tombé nulle part. (Ces filles de paysans étaient si simples!) Qu'est-ce que tu rêves? Quel roc? Tout est debout comme il l'a toujours été!" "Je te le dis, un roc est tombé." Encore une fois, elle ne comprenait pas." Que veux-tu dire, Mamachenka, aucun roc n'est tombé de nulle part. Tout est comme cela a toujours été." "Non, Pacha, ne va nulle part." 
Et elle ne la laissa pas aller à l'office. "J'étais trempée de larmes", a déclaré Matouchka, "Je voulais aller à l'église, à l'office, mais elle ne voulait rien entendre. J'étais sous sa direction, et comment pouvais- je désobéir? Mais la Bienheureuse la réconforta  et elle lui expliqua tout, en disant que le roc de la foi était tombé. C'est ainsi qu'elle ne fut pas présente au dernier office.


Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après

Aucun commentaire: