"Dans la confusion de notre époque quand une centaine de voix contradictoires prétend parler au nom de l'Orthodoxie, il est essentiel de savoir à qui l'on peut faire confiance. Il ne suffit pas de prétendre parler au nom de l'Orthodoxie patristique, il faut être dans la pure tradition des saints Pères ... "
Père Seraphim (Rose) de bienheureuse mémoire

lundi 21 juillet 2014

Archimandrite Séraphim [Alexiev]: Objections à la confession




La Confession doit être tellement importante pour nous pécheurs que nous pouvons dire avec audace : il n’y a pas de salut pour nous sans repentir et la confession en est la conclusion normale. Abba Isaïe exprime la même pensée : " S’il n’y a pas de repentir, personne ne peut être sauvé. " Juste comme le baptême nous purifie du péché de notre séparation par rapport à Dieu et de tous les péchés connus avant le baptême, ainsi le repentir comportant la confession de nos péchés nous purifie de toute infraction commise après le baptême.

Afin de nous soustraire à la Confession, nous élevons des objections à l’encontre de celle-ci. Quelles sont les principales ?

1. Je suis tellement pécheur. Dieu peut-il pardonner mes péchés ?  Je ne le crois pas. Voilà pourquoi il est inutile de me confesser.
Cette objection exprime une attitude d’orgueil. L’homme attribue plus de poids à ses actes qu’à la miséricorde de Dieu. Elle révèle un manque un foi et d’espérance en Son infinie bonté. Mais si un homme se repent sincèrement, tout péché peut lui être pardonné. "La puissance du repentir est basée sur le pouvoir de Dieu. Le Médecin est tout-puissant et la médication donnée par Lui est toute-puissante" (evêque Ignace Briantchaninov).
Saint Jean Chrysostome évaluant les résultats miraculeux d’un repentir sincère dit : "Le repentir est une médication qui détruit le péché. C’est un don céleste, une force merveilleuse qui, par la grâce de Dieu surmonte la puissance et la rigueur de la loi. Il ne rejette pas le fornicateur, ne renvoie pas l’adultère, n’est pas dédaigneux de l’ivrogne, n’anathémise pas l’idolâtre, ne néglige pas le fauteur de scandale, ne persécute pas celui qui abuse, pas même l’homme hautain. Il régénère chacun parce qu’Il est un fourneau purifiant le péché. La blessure et la médication, ce sont le péché et le repentir.
Ne dis pas, j’ai beaucoup péché, comment puis-je me sauver ? Tu ne le peux pas, Dieu seul le peut, et Il peut le faire de telle façon que tous tes péchés soient détruits. Ecoute attentivement ces paroles : Votre Dieu détruit tes péchés d’une manière telle qu’il n’y ait ni un endroit, ni une trace qui subsistent, et Il restaure alors ta santé, Il te présente la justice qui te libère de la peine de mort. Il te donne la justice; et celui qui a péché, Il le rend égal à celui qui n’a pas péché parce qu’Il détruit le péché comme s’il n’avait jamais existé.
Mais diras-tu : " Est-ce possible pour celui qui se repent d’être sauvé ? " C’est parfaitement possible. " Mais j’ai passé toute ma vie dans le péché, si je me repens, serai-je sauvé ? " Bien sûr. " Comment le savons-nous ? " Par l’amour que Dieu a pour l’homme. Est-ce que je me fie sur votre repentir pour détruire vos péchés si lourds ? nous rapporte l’Ecriture. En effet, Dieu connaît les limites du repentir de l’homme et cela ne l’empêche pas de remettre les péchés. Si tu devais te fier uniquement sur ton repentir, alors, en effet, tu devrais trembler, mais la miséricorde de Dieu s’unit au repentir. Et la miséricorde divine n’a pas de limites, les mots ne peuvent exprimer sa Bonté. Notre malice aune fin, mais la médication est sans limite. La mer, si grande soit-elle a une fin, par contre l’amour de Dieu pour l’homme est infini.
2. Un autre dit : " Pourquoi irai-je me confesser ? Je n’ai pas de péchés particuliers. Laissons d’autres qui ont tué, volé, violé ou commis d’autres péchés se confesser. "
Cette objection à la Confession est diamétralement opposée à la première. Dans le premier cas, l’homme réalise de façon oppressante qu’il est mauvais et il ne croit pas pouvoir être pardonné. Présentement, il y a absence de conscience de notre malice : "Je n’ai pas de péchés particuliers..." Mais en est-il vraiment ainsi ? Quand un homme demeure dans une chambre cloisonnée durant un temps prolongé, il s’habitue à l’air mauvais et il ne réalise pas combien c’est déplaisant. Mais quelqu’un venant de l’extérieur ne supportera pas l’odeur ambiante de la chambre et il prendra la fuite.
Que ceux qui disent : "Je n’ai pas de péchés particuliers,’ répondent si le Christ est dans leur cœur. Jésus-Christ se plaît à habiter dans les cœurs purs. Mais leurs cœurs sont-ils purs ? A peine ! Ils s’imaginent être purs, mais l’imagination n’est pas la réalité. Si nous disons que nous n’avons pas péché, nous nous trompons, et la vérité n’est pas en nous. (1 Jn 1:8) Et là où il y a mensonge, le Christ ne s’y trouve pas.
Alors que faire ? Confessons-nous. Retrouver une attitude digne et juste nous purifie de toute injustice. (1.Jn 1:9) Les Saints Pères nous instruisent qu’il est très difficile pour un homme de voir ses péchés. Ils expliquent cela par l’aveuglement causé par le démon. Abba Isaïe dit : "Quand un homme se sépare de celui qui est à sa gauche, c’est-à-dire de la communion avec les démons et de leurs suggestions, alors il verra pleinement ses péchés contre Dieu et il connaîtra Jésus-Christ. Mais un homme ne peut voir ses péchés tant qu’il ne se sépare pas de ceux-ci, et cela exige du travail et de la détresse. Ceux qui ont atteint cette condition ont trouvé les larmes lorsqu’ils se rappellent leur amitié vicieuse avec les passions, ils n’osent pas regarder Dieu, et ils vivent constamment avec un cœur brisé." S’il était simple de voir nos fautes, Saint Éphrem le Syrien n’aurait pas prié en disant: "Seigneur, donne-moi de voir mes fautes." De même Saint Jean de Cronstadt ne pourrait dire : "Ceci est vraiment un don de Dieu - de voir nos péchés dans leur multitude et leur horreur."
Ceux qui croient n’avoir aucun péché substantiel à se reprocher sont en fait aveugles. Ils doivent prier Dieu pour qu’Il leur donne de percevoir leurs péchés et ainsi se dépêtrer de l’illusion fatale extrême qu’ils n’ont aucun péché particulier. Même si leurs péchés sont petits comme des grains de sable, s’ils ne sont pas effacés par la confession constante, ils s’accumulent et souillent la chambre de leur cœur si bien que l’illustre Hôte céleste ne peut y pénétrer.
Les petits péchés sont bien souvent plus dangereux que les plus grands délits ou crimes parce que ces derniers pèsent lourdement sur la conscience et ils demandent à être réparés, confessés, clarifiés, effacés. Les petits péchés, par contre, ne pèsent pas lourdement sur l’âme, mais ils ont la particularité dangereuse de la rendre insensible à la grâce divine et indifférente au salut. Moins d’hommes ont péri sous les coups des bêtes féroces que sous le contact de petits microbes invisibles à l’œil nu. Considérés comme insignifiants, les petits péchés ne font généralement pas l’objet de notre attention. Ils sont facilement oubliés et créent chez l’homme la plus mauvaise habitude, celle de pécher inconsciemment en endormant la conscience morale. Ainsi, le misérable pécheur en arrive à se tromper en croyant qu’il n’est pas pécheur, que tout va pour le mieux avec lui alors qu’il est un misérable et servile esclave du péché.
Les petits péchés créent une véritable stagnation de la vie spirituelle. De même que la pendule s’arrête à cause de l’accumulation de la poussière, ainsi le pouls spirituel de l’homme s’éteint graduellement sous la couche dense de la multitude des petits péchés. Pour que la pendule fonctionne à nouveau, la poussière doit être éliminée. Afin de restaurer sa vie spirituelle, l’homme doit confesser le moindre péché.
3. Un troisième dit : "Tout cela est vrai. Mais pourquoi me confierai-je quand je sais que demain je pécherai à nouveau ? La confession a-t-elle un sens dans ce contexte ? Je considère que la confession n’a de sens que si l’on ne pèche plus par la suite."
Cette objection à la confession renferme à la fois quelque chose de vrai et quelque chose qui ne l’est pas. La chose vraie est le désir de ne plus pécher après la Confession. Mais nous sommes des êtres faibles et nous ne pouvons pas atteindre immédiatement une telle fermeté au point de rendre impossible le fait de succomber à nouveau. Si nous ne pouvons pas accéder immédiatement à la constance dans la vertu, devons-nous nous soumettre au vice ? Ou devons-nous arrêter de nous confesser ? Qu’est-il préférable, rouler dans la boue du marais spirituel, ou se relever après chaque chute et poursuivre avec l’espoir qu’un jour nous toucherons la crête magnifique de la vertu ? Si tu ne te confesses pas, tu demeures dans la boue. Si tu te confesses, tu te relèves de la boue et tu te laves. "Mais pourquoi me releverai-je si demain je succombe à nouveau ?" diras-tu. Si tu tombes à nouveau, relève-toi à nouveau ! Chaque jour, recommence. C’est toujours mieux que de succomber à l’habitude de ne pas se relever.
Un jeune moine se plaignait auprès du grand ascète Abba Sisoès :
- "Abba, que dois-je faire ? J’ai succombé."
- "Relève-toi". Plus tard :
- "Je me suis relevé et j’ai succombé à nouveau !"
- "Relève-toi à nouveau  ! "
- "Combien de temps dois-je me lever et succomber ?"
- "Jusqu’à ta mort", répondit Abba Sisoès.
Ce sage dialogue devrait être intériorisé par chacun qui souhaite s’amender mais qui, trompés par le Malin, retournent à leurs péchés antérieurs. Chaque fois que tu succombes à une transgression, relève-toi ! Se lever, c’est la Confession. "Mais pourquoi jouer à tomber et se relever  ?" demandent certains. Ce n’est pas un jeu, mais une bataille qui a beaucoup de sens. Si nous, être humains faibles, nous tombons et ensuite nous nous relevons, il existe une grande probabilité que la mort nous trouvera debout. Alors nous sommes sauvés. Mais si nous n’avons pas l’intention de nous relever, la mort nous trouvera sûrement gisant dans la boue. Et alors la probabilité que nous serons perdus pour toujours devient très élevée.
Saint Jean Chrysostome dit : " Le repentir ouvre les Cieux pour l’homme, l’emporte au Paradis, vainc le démon. As-tu péché ? Ne désespère pas si tu pèches chaque jour. Offre ton repentir chaque jour ! Quand il y a des parties pourries dans une vieille maison, elles sont remplacées par des nouvelles et nous n’arrêtons pas d’entretenir la maison. De la même manière, raisonne : si aujourd’hui, tu as succombé au péché, purifie-toi immédiatement par le repentir.’
Pour laver la saleté corporelle, Dieu a donné l’eau. Et pour purifier la souillure spirituelle, Dieu a donné la grâce du sacrement de la Confession. Chaque homme qui se salit les mains, les lave. Personne ne dit : "Je ne laverai plus mes mains, parce que je les salirai à nouveau !" Alors pourquoi tant de gens disent-ils: "Je n’irai pas me confesser parce que je pécherai à nouveau !" Il est évident que l’ennemi de notre salut nous induit à ne pas purifier nos âmes afin de pouvoir les dominer.
Il ne faut pas céder à notre paresse spirituelle, à notre manque de courage vis-à-vis de nous-mêmes, à ces suggestions sataniques. Nous devons nous confesser fréquemment parce que le lavage fréquent produit le goût de la propreté en nous. Laisse ta maison couverte de poussière, sans nettoyage et non ventilée pendant une année. Elle devient semblable à une porcherie. Alors imagine à quoi ressemble l’âme de l’homme s’il ne l’a pas purifiée par la Confession, non seulement durant un an, mais durant vingt, quarante, soixante ou soixante-dix ans !
4. Un quatrième dit : "Je me confesserai à Dieu. Quel besoin y a-t-il d’aller chez le prêtre ?"
Dieu a ordonné le prêtre pour administrer les saints sacrements de telle façon que nous puissions recevoir par eux la grâce céleste du salut. La Confession est également un sacrement. Si tu te confesses devant Dieu, tu fais bien parce que tu écoutes ta conscience en te rappelant tes péchés. Peut-être verseras-tu même des larmes pour eux. Mais tu ne recevras pas de cette manière la grâce divine du pardon. Se confesser à Dieu seul peut nous amener à l’illusion d’être pardonné ou nous maintenir dans une "relation intellectuelle" avec Dieu. Assieds-toi. Pense au jour sans crépuscule du Royaume. Ceux qui ont plu à Dieu participeront de manière ineffable au Repas Mystique, à la Communion céleste, tandis que toi, tu ne pourras pas y prendre part, ni mystiquement, ni réellement. Peu importe à quel point tu as été touché dans ta pensée, cela sera vrai aussi longtemps que tu n’as pas accepté visiblement la Sainte Communion. Jusqu’à ce que tu ailles chez le prêtre à qui Jésus-Christ Lui-même a donné le pouvoir de lier et de délier les péchés. Sinon, qu’importe le nombre de fois où tu t’es confessé devant Dieu, tu ne recevras pas le pardon de tes péchés. Pourquoi ? Dieu Lui-même a dit au prêtre : "Ceux à qui vous pardonnerez leurs péchés obtiendront le pardon, ceux à qui vous le leur refuserez ne l’obtiendront pas". (Jn 20:23)
De plus, la Confession au prêtre revêt une grande signification. Elle est très instructive. Elle nous humilie parce qu’elle nous remet à notre place par rapport à Dieu. Elle guérit notre orgueil, elle nous fait rougir de façon bénéfique, elle insuffle la honte du péché et la crainte de Dieu. Elle nous protège des péchés pour le futur. Quand nous péchons, nous péchons contre le Dieu Tout-Puissant, mais nous ne sommes pas honteux devant Lui parce que nous ne Le voyons pas, comme si nous entretenions un monologue. Mais quelle honte nous couvre lorsque nous nous confessons devant le prêtre. L’homme qui s’est soumis au commandement de l’Église de se confesser devant un prêtre, ose à peine répéter ses péchés lorsqu’il pense à l’obligation de les dévoiler à nouveau durant la Confession. Huit jours après sa Résurrection, Jésus-Christ a très sagement donné l’ordonnance que notre repentir soit exprimé devant un prêtre qui agit comme témoin de Dieu.
"Mais comment le prêtre peut-il absoudre les péchés ?" demandez-vous. Il en a le pouvoir parce que Dieu en a décidé ainsi. "Mais le prêtre n’est-il pas lui-même un pécheur ?". S’il est pécheur, que perds-tu ? Il est pécheur pour lui-même et il répondra à Dieu de ses péchés.". Les sacrements administrés par lui ne cessent pas d’être actifs si nous les recevons avec foi et humilité. Le grâce peut lui être refusée le Jour du Jugement à cause de ses péchés, mais toi, acceptant la grâce divine par son intermédiaire, tu ne te prives pas de celle-ci si tu t’en montres digne. "Mais le prêtre ne dévoilera-t-il pas le secret de la confession de mes péchés ?" Non ! Aucun prêtre n’a le droit de rapporter ce qu’il a entendu durant la Confession. Il doit l’emporter dans la tombe. Aussi ne nous soucions pas de l’éventualité de la honte causée parce que nos péchés pourraient être dévoilés en société.
Remarquons que, si nous évitons la confession à cause du zèle pour notre honneur, cela signifie que nous avons honte de nous-même. Si nous avons honte d’admettre nos faiblesses devant un homme, tout le monde commencera à en parler. Ainsi procède la loi spirituelle. Les gens pressentent nos faiblesses, peu importe la diligence avec laquelle nous les dissimulons. Si nous les confessons devant un homme, Dieu, à cause de notre humilité devant ce seul témoin qu’est le prêtre, nous couvrira de Sa grâce devant la multitude.
Toutefois, si nous protégeons notre réputation durant la confession, notre autorité s’effondrera devant tous. Si nous nous repentons devant un home, rien qu’un homme, la confession nous enseignera à lutter contre nos passions. Et si nous luttons réellement contre elles, la multitude qui nous entoure n’en saura rien. Avec l’aide de Dieu, nous serons guéris avant même d’avoir honte. Mais si nous ne désirons pas guérir par la Confession, nous exposerons alors notre nom et notre réputation à des dénigrements ici et à la disgrâce devant l’Univers entier au jour du Jugement Dernier.
5. Un cinquième dit : "Je vais chez le prêtre afin qu’il lise à mon intention la prière d’absolution."
Voilà l’abus le plus sacrilège de la Confession. Quelle est la signification de la prière d’absolution ?. Il s’agit d’absoudre les péchés. Dans le cas qui nous concerne, le pénitent se rend donc chez le prêtre et, sans confesser ses péchés, lui demande : "Père, dites la prière d’absolution (ou prière du pardon) pour moi". Et le prêtre recouvre la tête du pénitent avec l’étole et lui pardonne des péchés qu’il n’a pas confessés.
Arrête, serviteur de Dieu. Que fais-tu ? Connais-tu les péchés dissimulés dans cette âme à qui tu confères le pardon divin aussi facilement ? Réalises-tu la responsabilité que tu portes devant Dieu ? Si un péché grave t’est dissimulé et que sans arrière-pensée tu confères le pardon au pénitent qui l’a commis et lui permets de prendre part à la Communion aux Saints Dons, n’accéléreras-tu pas la mort de son âme ? Ne connais-tu pas les paroles du saint Apôtre Paul : "Qui mange indignement de ce pain et boit indignement à cette coupe, est coupable du corps et du sang du Christ". (1 Cor.11:27). Pourquoi n’examines-tu pas celui qui s’est approché de toi ? Pourquoi le laisses-tu manger et boire son éternelle condamnation ? Pourquoi donnes-tu le sacrement à un pécheur non repenti ? Judas également a pris part aux Saints Dons avec les apôtres au moment de la Dernière Cène; mais parce qu’il était un pécheur non repenti, au lieu de la grâce divine, Satan est entré en lui. Désires-tu faire un nouveau Judas du chrétien inconscient qui approche le Christ sans confession, seulement avec une prière d’absolution ? Il est préférable de refuser la Sainte Communion à l’homme qui ne s’est pas repenti jusqu’à ce qu’il se repente plutôt que de lui donner le Feu et la condamnation.
Cette lecture de la prière d’absolution pour apaiser la conscience est un péché aussi bien pour le prêtre que pour le laïc parce qu’en son essence il y a dissimulation et mensonge. Cette pratique de même que celle de l’absolution pour toute l’assemblée, ne conduit pas à la guérison spirituelle mais à un plus grand état de péché. Quelqu’un est malade de façon critique. Le malaise est identifié avec certitude et la médication est connue avec précision, mais parce qu’elle est amère, le malade demande quelque chose de plus agréable. Alors le médecin donne soit de la morphine pour calmer la douleur ou un sirop très doux sans aucune utilité. Le malade guérira-t-il ? Jamais ! Et qui sera responsable de sa mort ? Lui-même parce qu’il a demandé un sirop sucré pour se berner, et le médecin qui savait ce qu’il devait prescrire et qui ne l’a pas fait uniquement par désir de plaire, ou encore par paresse, par négligence, ou par habitude voire même par méconnaissance de ce sacrement.
Récemment une dame notoirement chrétienne m’a confié ce qui suit: Je m’étais préparée pour la Sainte Communion. Je suis allée à l’église et j’ai cherché le prêtre de la paroisse pour me confesser. Le prêtre était fort occupé et son humeur, comme je l’avais remarqué, n’était pas bonne. Il m’a rencontrée avec une certaine irritation :
- "Pourquoi venez-vous ? Pour confesser toujours les mêmes petits péchés ? Vous n’avez commis aucune transgression importante devant Dieu !"
- "Mais je désire me confesser, quelque chose me pèse lourdement."
- "Point n’est besoin ! Venez et agenouillez-vous ici !"
J’ai obéi et il a lu la prière d’absolution. Je me suis levée et je suis partie, mais mon âme n’était pas soulagée. Le fardeau était là et il me tourmentait d’autant plus. Depuis le milieu de l’église, je suis retournée vers le prêtre. Mais il était déjà occupé avec d’autres fidèles. Le temps de la Communion est arrivé. Je n’ai pas osé m’avancer parce que je sentais que ma conscience n’était pas soulagée. Le dimanche suivant, je me suis rendue dans une autre église. Là je me suis confessée et j’ai communié. J’ai éprouvé une grande joie au moment de la Confession, ce n’est qu’à partir de ce moment que je me suis sentie apaisée.
Extrait du livre de l'Archimandrite Séraphim Alexiev, 
The Forgotten Medicine : The Mystery of Repentance. 
St. Xenia Skete Press, 
Wilwood CA, 1994.
Traduit de l'anglais 
par l'higoumène Paul (Pellemans).

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