"Dans la confusion de notre époque quand une centaine de voix contradictoires prétend parler au nom de l'Orthodoxie, il est essentiel de savoir à qui l'on peut faire confiance. Il ne suffit pas de prétendre parler au nom de l'Orthodoxie patristique, il faut être dans la pure tradition des saints Pères ... "
Père Seraphim (Rose) de bienheureuse mémoire

lundi 17 août 2015

"La seule voix avec laquelle un chrétien orthodoxe a le droit de parole est la voix de l'Eglise:" (2)





- Nous avons ce prochain Concile panorthodoxe en 2016. Envisagent-ils d’aborder les questions d'immoralité sexuelle et comment y faire face pastoralement? Surtout en Amérique, où nous avons même des pasteurs de l'Eglise qui semblent parler carrément contre la tradition.

- Concernant la question de ce qui sera discuté au Concile de l'année prochaine, en supposant que cela aura lieu selon le calendrier prévu, je pense que les gens sont devenus très obsédés par la question de la diaspora et de ce qui sera fait avec son organisation canonique. En raison de cet intérêt, qui est je pense parfois excessif, nous n’avons pas prêté beaucoup d'attention à d'autres domaines qui sont peut-être beaucoup plus importants dans la vie de l'Eglise que la question de l'organisation administrative. 

L'un d'eux est certainement d’aborder le monde moderne avec l'enseignement constant des Pères. Je crois que sur l'ordre du jour (même si l'ordre du jour pour le Concile n'a pas encore été formellement établi, pour autant que je sache) seront des questions telles que la bioéthique et les questions sociales sous une certaine forme. À mon avis, l'une des choses qu'un tel Concile pourrait faire, et qui serait très utile, très utile pour les générations qui suivent, serait de réaffirmer la nécessité pour les pasteurs de l'Eglise, les prêtres de l'Eglise, les prédicateurs de l'Église, de prêcher ses traditions.

Vous avez tout à fait raison de dire qu'il y a eu quelques exemples, même ces deux dernières semaines, de pasteurs orthodoxes qui ont dit des choses qu'aucun chrétien orthodoxe n’a le droit de dire, et nous rappelons que son rang ne donne pas à quelqu’un la capacité de parler contre la tradition. 

Quand on voit ce qui se passe, nous devons appeler les gens à rendre des comptes. La seule voix avec laquelle tout chrétien orthodoxe, qu'il soit laïc ou archevêque, a le droit de parler, est la voix de l'Eglise; et la voix de l'Eglise, malgré notre désir moderne de la gauchir parfois pour être plus à l'aise, est constante et claire. 

Lorsque nous nous abordons de nouveaux sujets dont cette voix n'a pas parlé auparavant (il y a des questions qui n’existent pas dans la Tradition : les questions de bioéthique, par exemple, n’existaient pas au Ve siècle), c’est là que l'Église toute entière se rassemble pour discerner comment sa voix devrait parler. Mais ce n’est jamais à un individu de parler pour l'Eglise; un individu doit dire les paroles de l'Église. 

Nos tendances individualistes modernes, nous poussent parfois dans l'autre sens, et c’est une grande tragédie. Il n'y a rien de plus triste pour moi que de recevoir un journal ou un article où je vois un prêtre de l'Eglise, un "théologien" de l'Eglise, dire quelque chose qui est tout à fait concrètement non conforme à ses traditions. C’est une cause de douleur immense, et il n'y a aucune raison pour que cela doive avoir lieu.

Nous devons tous prendre conscience de ce que nous faisons en tant que peuple orthodoxe, et surtout comme enseignants orthodoxes. On nous donne la responsabilité de porter la Lumière du Christ dans le monde. Si nous portons une autre lumière, y compris la nôtre, nous échouons. Mais même ceci n’est pas une cause de colère. Notre tâche est de ne pas nous mettre en colère contre ces personnes. C’est une cause de tristesse que la lumière que le monde reçoit, ne soit pas la pure lumière du Christ. Et ainsi, ce devrait donc être notre compassion et notre amour qui nous pousse à faire mieux. Surtout quand nous regardons le monde et que nous voyons combien il y a de souffrances. Non seulement les souffrances physiques de la pauvreté, de la faim, mais la souffrance morale qui est le résultat de notre laxisme dans l'enseignement. 

Si nous enseignions les gens avec amour, et avec le zèle de la vérité de l'Evangile, il n'y aurait pas une telle souffrance morale, une telle angoisse dans le cœur des gens. Ceci est un signe de notre faiblesse. Ce doit être l'amour, plutôt que la colère ou la peur ou le jugement qui nous encouragent à faire mieux.

- Une autre question brûlante en Amérique est la réception des convertis. Et encore une fois, en pensant au prochain Concile et aux questions de la diaspora, y a-t-il une possibilité de passer à un système unifié? Est-ce quelque chose que nous voulons? Par exemple, tous les convertis devraient-ils être baptisés, quel que soit le lieu d’où ils viennent?

- C'est une des grandes questions pastorales de nos jours, et certainement pour l’Amérique. Elle existe ailleurs, bien sûr, mais en Amérique, elle est prononcée parce que les différentes juridictions locales ont, à certains moments, insisté sur différents points de vue concernant cette pratique. 

Il y a certaines juridictions qui, en fait, baptisent toujours un converti. Il y a certaines juridictions qui, en fait, chrisment toujours, qui refuseront de baptiser, et vice versa. Et puis il y en a certaines qui ont un peu l’une ou l’autre pratique. Ici, je pense que tout le monde est d'accord, nous devons nous asseoir et regarder nos pratiques, et examiner la situation autour de nous, pour évaluer ce que la réponse pastorale devrait être. 

Il est clair que, du point de vue canonique, il y a un modèle simple dans les canons de l'Eglise pour les différents types de réception, sur la base des circonstances à travers lesquelles ils [les futurs convertis] viennent à l'Eglise -il y a certaines conditions dans lesquelles le baptême est absolument nécessaire, il y a certaines conditions dans lesquelles la chrismation peut être administrée, un baptême ayant déjà été effectué, etc. Il y a des réponses à l'apostasie, au schisme, etc. La tradition canonique est claire.

Ce qui est beaucoup moins clair est la condition du christianisme au XXIe siècle, et comment il se réfère à la condition du christianisme dans les périodes au cours desquelles ces canons furent écrits. 

Les canons ont été écrits lorsque, dans l'ensemble, il y avait une église et qu’elle était l'Eglise orthodoxe. Tout écart de l'Église était un départ de l'Orthodoxie, et il fut question de savoir comment revenir à l'Orthodoxie. 

Si vous étiez dans le schisme par rapport à l'Orthodoxie, vous étiez ramenés dans l'Eglise. Mais nous vivons dans un monde où il y a maintenant de nombreuses traditions chrétiennes qui ne sont pas connectées à l'Eglise orthodoxe, et ce n’est pas une situation que traite spécifiquement la plupart des canons. Donc, je crois que la plupart de nos hiérarques sont d'accord que nous devons nous asseoir et parler de la façon d'appliquer les principes canoniques, qui sont clairs et pertinents, mais qui doivent être appliqués pastoralement à notre situation d’aujourd'hui.

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après



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