"Dans la confusion de notre époque quand une centaine de voix contradictoires prétend parler au nom de l'Orthodoxie, il est essentiel de savoir à qui l'on peut faire confiance. Il ne suffit pas de prétendre parler au nom de l'Orthodoxie patristique, il faut être dans la pure tradition des saints Pères ... "
Père Seraphim (Rose) de bienheureuse mémoire

dimanche 30 avril 2017

Père Basile Pasquier: UN PARI SUR L’AMOUR (4 et fin)


Des péchés sur un morceau de papier

Vous avez beaucoup d'expérience pastorale. Vous avez servi dans un monastère, dans une église de village et en ville, aux vingtième et vingt et unième siècles. La vie spirituelle d'une personne change-t-elle?
Le phénomène le plus important qui se déroule en ces jours, c’est que les gens se rendent compte que nous devons rechercher Dieu et la vie spirituelle. Et l'Eglise... nous devons aller à l'église, parce que c'est là que l’on peut rencontrer Dieu.
Quant aux autres choses, quoi d'autre peut changer? Les péchés restent les mêmes. Et les gens restent les mêmes. Bien souvent, ils viennent à la réalisation de leurs péchés, et c'est un gros changement. Les gens ne comprennent souvent pas grand chose au sujet des péchés. Il n'est pas facile de comprendre les péchés. Ces jours-ci, beaucoup viennent confesser avec des listes de péchés longues comme ça ! 
Je n'essaie même pas de comprendre ce qui y est écrit. Je leur dis que tous ces "péchés à vous sur ce papier" sont comme des arbres qui ne vous permettent pas de voir la forêt, alors, oubliez-les. Allez, parlez-moi de vous-même. 
Nous essayons souvent de nous abuser en confession avec ces énumérations sur papier. Nous n'écrivons pas ce qui est le plus important. Je vois souvent des gens couvrir le péché le plus important avec les petits. Et je fais, pouf-pouf-pouf, et je souffle sur le cache. Et voilà, voilà votre péché. Si les gens se dirigent vers Dieu, vers l'Eglise, je dois aider ceux qui viennent pour se voir.
Avez-vous un dicton français ou russe préféré?
Je dis souvent en français et en russe, "Tout est relatif". Il n'y a que Dieu qui soit absolu. Surtout quand je vois des gens péremptoires.
Toutes les règles humaines sont relatives. Dieu nous les a données non pour elles-mêmes, mais pour nous aider à nous améliorer. Oh, ces règles, ces règles! Les prêtres essayent toujours d'imposer des pénitences aux personnes modernes comme si on était au quatrième siècle. Je dis toujours, lorsque saint Basile le Grand a écrit ces règles, le monde était différent. Il ne savait pas ce qu’était l'Internet, ce qu’était un avion... 
Déjà au VIIIe et IXe siècles, saint Théodore Studite, a envisagé d'excommunier les pécheurs pendant un temps différent de celui de saint Basile le Grand, parce que les temps avaient changé. 
Il serait bon que nous prenions tout cela en compte. Bien sûr, nous ne devrions pas agir en tant que membres de la Réforme protestante, et pft... tout effacer. Ce que nous devons faire, c'est considérer ce qui s'applique à chaque individu en gardant les anciennes règles à l'esprit. Nous devons sagement suivre les anciennes traditions, sans les oublier. Il doit y avoir discernement en tout.

Père, dites-nous encore quelque chose avant de terminer.
Récemment, nous avons célébré la fête d'un grand saint russe, dont j'ai lu la vie il y a quarante ans en français :saint Séraphim de Sarov. Il a dit, que le but d'une vie chrétienne est d'acquérir la Grâce du Saint-Esprit. Et, je pense que c'est le fil d’Ariane qui doit traverser toute notre vie. Ne pas de suivre les règles, mais ceci.
Un des Pères du désert, interrogé sur la crainte de Dieu avant sa mort, a répondu: "Je ne crains plus Dieu, je L'aime." La peur engendre la peur de la règle de la loi, tandis que l'amour libère. L'amour ne connaît pas de règles. Et l'amour doit passer par notre vie comme un fil rouge. Alors, vous aimez votre vin?
Il est fort…
Qu'entendez-vous par fort? Le Coca-Cola est plus fort...
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Revenez nous rendre visite.
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Version française Claude Lopez-Ginisty
D’après
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samedi 29 avril 2017

Père Basile Pasquier: UN PARI SUR L’AMOUR (3)


Aller simple
Donc, là-bas [en France], je restaurais des meubles, mais il n'y avait toujours pas de réponse de Russie. Vladyka Gurii, représentant du Patriarcat de Moscou en France, était un homme qui avait une attitude soviétique à l'égard des choses, il essayait d'éviter les problèmes et les visiteurs. 
Sur son téléphone, j'ai toujours eu le répondeur me demandant de laisser mes coordonnées, et on me promettait de rappeler. Eh bien sûr, évidemment, s'ils pensaient que cela valait la peine d'être rappelé. À la fin, j'ai trouvé son appartement, j'ai profité de quelqu'un qui sortait du bâtiment et je suis entré. J'ai rencontré Vladyka et un hiérodiacre « en civil » montant l'escalier, avec un énorme téléviseur qu'ils avaient acheté quelque part en Italie. J'ai expliqué que je voulais devenir orthodoxe et que j'avais écrit au Patriarche. 
Vladyka Gurii m’a ri au nez: "Quoi, voulez-vous organiser une rencontre avec le Patriarche lui-même?" Et il m'a conseillé d'aller en Russie en tant que touriste avec un billet de retour. J'étais offensé: "Si j'achète un billet, ce ne sera un aller simple! Et je dois voir le Patriarche." 
Il a ri de nouveau, alors je lui ai demandé:" Et si cela venait de Dieu? "
Donc, j'ai acheté un billet aller simple et je suis parti pour la Russie.
Certaines personnes que je connaissais à Jérusalem m'avaient présenté au père Georges Kotchetkov. Ses gens m'ont rencontré à Cheremetievo, m'ont emmené dans une horrible pièce avec du vieux linoléum et des cafards, et m'ont installé sur un lit de camp. 
Je n'ai pas aimé l'atmosphère dans l'église du Père Georges, elle m'a semblé «charismatique», alors j'ai pensé: "Est-ce que je me suis retrouvé en un lieu, auquel j’ai vraiment essayé d'échapper?" En gros, je me sentais extrêmement mal à l'aise. J'ai appelé une amie, et elle m'a dit: "Père Basile, partez tout de suite !"
Elle était chef de chœur dans l'église de Saint-Nicolas à Pyjy, où le père Alexandre Choupunov officiait. Le père Alexandre parlait couramment le français, alors tout s'est bien passé.
Cependant, tout le monde, le Père Jean Krestiankin, le Père Nicolas de l'île de Zalita et le Bienheureux Loubochka (je les ai tous rencontrés pendant mes premiers mois en Russie) m'ont dit de voir le Patriarche lui-même. 
Lorsque le Père Jean Krestiankin m'a donné sa bénédiction, il a réellement dit à l'élève qui était avec moi, allez voir le Patriarche le jour de son intronisation et dites que vous lui avez apporté un cadeau. Nous étions en route pour ce service et je répétais à l'élève: "N'oubliez pas de lui parler du cadeau"
Tout s'est bien passé. Sa Sainteté a lu attentivement la lettre et a pris des dispositions pour mon transfert. Bientôt, j'ai vu Vladyka Gurii lors d’un service à l'église de l'icône de la Mère de Dieu de Kazan sur la Place Rouge, et je lui a dit que ce n'était pas la première fois que je servais avec le Patriarche lui-même.
Comment vous êtes-vous retrouvé en Tchouvachie?
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Au début, j'étais sous l'obédience monastique dans le monastère des Cavernes de Pskov et j'attendais le père Jérôme. Alors, un jour, il m'a dit: "Je vais t’emmener avec moi..." 
Il est venu me chercher, et nous sommes allés voir Sa Sainteté pour demander mon transfert en Tchouvachie, parce que nous avions tous deux bien connu Vladyka Barnabé durant notre séjour en Terre Sainte. Sa Sainteté a approuvé le transfert du Père Jérôme et m'a ensuite demandé: "Et vous?" Et la seule chose que je savais dire en russe était "Comme lui !"
Version française Claude Lopez-Ginisty
D’après

Père Basile Pasquier, "le curé des steppes"

vendredi 28 avril 2017

Père Basile Pasquier: UN PARI SUR L’AMOUR (2)



Comment votre famille a-t-elle réagi à tout cela?

Mon père était très critique. Il considérait que c'était un pari, il était certain que je ne serais pas capable de le supporter, et il n’est pas venu à ma tonsure. Mais ma soeur, qui nous a élevés après le décès de ma mère, est venue, elle m'a soutenu.

Le prêtre de notre communauté était catholique, mais il avait étudié à l'université de Thessalonique, alors nous faisions les offices avec le rite oriental... Et lorsque nous avons fondé notre monastère, nous avons trouvé notre refuge canonique avec les catholiques grecs. Ils sont différents des Uniates ukrainiens, ce sont des catholiques grecs de Jérusalem, l'Eglise Melkite. Nous avons été acceptés en tant que communauté française et nous avons été partiellement libérés de la juridiction romaine. Nous ne voulions pas être sous sa férule.

En raison de la nature de l'administration?
Je dirais également pour des raisons théologiques. Donc, j'étais là, catholique de rite oriental, vivant à Jérusalem, en Terre Sainte, en lisant des livres orthodoxes, écrit principalement par des membres de l'intelligentsia russe qui étaient partis pour l'Ouest : Evdokimov, Lossky, Berdiaev. Et en les lisant, je suis arrivé à la conclusion que la vraie foi était là, dans l’Orthodoxie.

Les Russes arrivent
Et puis, dans les années 90, il y a eu un énorme afflux d'émigrés de Russie à Jérusalem, plus d'un demi-million de personnes en six mois. Les gens ont commencé à parler russe partout, dans les magasins où les étiquettes de prix étaient en russe, des journaux russes ont été publiés. 

Chaque sabbat, beaucoup de «Russes» ont commencé à visiter notre monastère, ceux qui ne s'étaient pas adaptés aux règles orthodoxes juives mais qui voulaient comprendre leur nouveau pays. Notre monastère (selon la tradition, saint Jean-Baptiste et sa mère s'y cachèrent des persécutions) se trouve dans une oasis unique, il y a de l'eau, une piscine, des oiseaux. Les "Russes"  aimaient ce lieu. Et, en dépit de l'avoir quitté eux-mêmes, tous d'un commun accord répétaient: "Père Basile, vous devez aller en Russie. Vous y serez bien à votre place. "

Les émigrés curieux ont été remplacés par des pèlerins venus de Russie. Des kloubouks blancs d’évêques ont commencé à apparaître. C'est là que j'ai rencontré le futur Patriarche Alexis II, à l'époque encore métropolite de Leningrad. Et en 1992, j'ai rencontré le père Jérôme [Archimandrite Ieronim (Chourygin) (1952-2013), higoumène du monastère de la Sainte-Trinité dans la ville d'Alatyr, hiéromoine, staretz spirituel et expérimenté, qui guidait beaucoup de fidèles qui venaient vers lui avec leurs afflictions, y compris l'auteur de cette interview. Note de l'éditeur]. 

Il est arrivé en pèlerin dans le cadre d'une délégation monastique du Mont d'Athos. Les catholiques avaient déjà célébré Pâques, et c'était la Semaine Sainte pour les Orthodoxes. Donc, en tant qu'administrateur, je lui ai servi de délicieuses spécialités orientales, des fruits et du thé. Le père Jérôme, jeune, maigre, au nez retroussé, essayait de me parler français, l'ayant étudié à l'école... Le seul élément dont je me souvienne est "chtche-chche-shtche". Il y avait quelque chose d'inhabituel dans son apparence. Et j'ai trouvé quelque chose d'inhabituel le concernant. Quelque chose d'intéressant.

Et puis je me suis retrouvé au service pascal orthodoxe à l'église du Saint-Sépulcre à Jérusalem. Et c'est ainsi que j'ai commencé à mener une double vie: l'une était physique, car je vivais dans un monastère grec-catholique, tandis que l'autre était la vie du cœur et de l'esprit dans l'Orthodoxie. J'ai toujours assisté aux offices orthodoxes. Mes supérieurs me le permettaient à condition d'avoir assisté à notre propre service à cinq heures du matin. Alors, le samedi soir, après huit heures, lorsque le sabbat se termine et que les autobus commencent à fonctionner, j'allais à Jérusalem, j’attendais jusqu'à ce qu'ils aient ouvert l'église du Saint-Sépulcre à minuit, je restais là jusqu'à ce que le service soit fini à trois heures, puis je m'en retournais. Parfois, je devais marcher quinze kilomètres à pied. Les moniales du couvent russe à Ein Kerem, qui me connaissaient déjà bien et qui m'aimaient, me prenaient en stop quand elles avaient une place dans leur voiture...

En outre, je suis devenu une sorte de missionnaire pour les Israélites «russes» qui nous rendaient visite. Un jour, une très jeune famille est arrivée. Le mari était de Perm, un juif très intelligent, alors que la femme était du sud, de Kouban. Et il me dit que sa femme est orthodoxe et qu’elle a été baptisée, mais qu’elle ne va pas à l'église. Et alors, je me suis dit: "Merci pour cette information, je vais commencer à travailler avec elle maintenant." 

"Natacha," lui ai-je dit, "viens, je vais t’amener avec moi à l’office orthodoxe de Pâques..."
 Alors, je l’ai emmenée avec moi. Puis, pendant le service, je lui ai dit, va vers un prêtre et fais ta confession. Le prêtre l’a confessée et, bien qu'elle n'ait pas jeûné, il lui a permis de communier, car cela est permis dans des circonstances particulières. Elle est revenue après avoir reçu la communion et il y avait cette aura autour d'elle. Son mari ne dormit pas du tout cette nuit-là. Il savait que nous étions à l'église, mais il ne s'attendait pas à ce que le service soit aussi long. 

J’ai marché avec elle, car notre monastère était à proximité... Natacha était si heureuse, si joyeuse! Son mari talentueux ne se trouvait pas bien en Israël, alors ils déménagèrent en Italie, puis aux Etats-Unis suite à un de ses rêves. C'était un grand fan du jeune Clinton, chose que j'ai trouvée très amusante. Ils se sont installés plus ou moins là-bas, alors Natacha a donné naissance à un fils et elle est morte. Cela s'est produit récemment.

Y avait-il un conflit qui se préparait dans la communauté?
Lorsque nos frères et l'abbé ont commencé à sentir qu'ils me perdaient, ils m'ont empêché d'aller à Jérusalem et de communiquer avec les orthodoxes. Alors, je suis allé chez le père Jérôme, et il m'a dit qu'il ne pouvait rien faire pour moi, mais l'année suivante il retournait en Russie et il m’emmènerait avec lui.

Que puis-je faire, me suis-je dit, je vais devoir attendre. Mais cette double vie devenait de plus en plus insupportable. A ce moment, la communauté traversait une crise, parce que l'abbé avait beaucoup de pression de Rome pour renoncer au rite oriental. J'ai dit: "Pas question!" 

Et un jour, quand ça a été vraiment mauvais, j'ai réalisé que je ne pouvais plus supporter cela. Je suis allé à Ein Kerem, où le père Jérôme officiait. Il a dit, eh bien, si tu as pris une décision, nous allons voir le Patriarche demain. Le patriarche Diodore [de Jérusalem] a approuvé mon choix. Mais, afin d'éviter les conflits avec d'autres confessions, car après tout, Jérusalem est une petite ville, il a dit, il vaut mieux aller directement vers l'Orthodoxie russe.

Le secrétaire de la mission de l'Église orthodoxe russe à Jérusalem le hiéromoine Marc (qui est maintenant l'archevêque d'Egorievsk) a personnellement traduit et transmis ma demande d'être transféré à l’Eglise orthodoxe russe à Moscou. 

À l'époque, le Père Jérôme et moi étions occupés à nettoyer l'égout et à réparer le toit pour Mère Géorgia à Ein Kerem, en faisant essentiellement tout ce que les femmes ne pouvaient pas faire. Je n'ai jamais eu de problème avec le travail dur ou salissant, et le Père Jérôme non plus.

La réponse de Moscou est venue, mais en apprenant que la demande avait été transmise à son insu, le chef de la mission, le métropolite Théodose, s'est énervé et l'a mis en suspens. Tout est resté en suspens.

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Que pouvais-je faire? Je n'avais pas assez d'argent pour acheter un billet pour Moscou. Alors, je suis parti en France pour chercher un emploi. Mon frère, qui restaure de vieux meubles, m'a pris avec lui, car il avait beaucoup de commandes avant Noël. 

Mon père a dit: "Je le savais!" Alors, je lui ai dit: "Papa, je ne reviens pas dans le monde, mais je vais partir en Russie." "QUOI?!" "Je vais me convertir à l'Orthodoxie. "Rappelez-vous, c'était en octobre 1993, il y avait des rapports sur l’anarchie qui régnait en Russie à la télévision.


Version française Claude Lopez-Ginisty
D’après

jeudi 27 avril 2017

Père Basile Pasquier: UN PARI SUR L’AMOUR (1)

Père Basile

Le Père Basile Pasquier, français, est russe et tchouvache depuis déjà 22 ans.

Combien de tasses de café dois-je apporter, demanda la moniale.
Dix ! répondit Père Basile
"Il y a six personnes présentes, plus leurs anges gardiens..." Il mélange toujours un peu d'humour avec des vérités supérieures, donc on ne sait jamais, quand il plaisante, et quand il est visionnaire. Le père Basile Pasquier, higoumène du monastère masculin de la Sainte Trinité dans la ville de Tcheboksary, est un Français russe et chouvache qui  vit en Russie depuis vingt-deux ans.
*
Marcher pieds nus vers Dieu

Comment se fait-il que vous ayez fini en Russie en premier lieu? Après tout, les Européens ont tendance à considérer la Russie comme un lieu vieillot, arriéré et sous développé...

Père Basile Pasquier: Quoi, la Russie est-elle un pays sauvage maintenant? Allons! La Russie est un grand pays. C’est plutôt, l'Occident qui est sauvage, ils ne l'appellent pas "l'Occident sauvage" pour rien, surtout maintenant, quand les gens commencent à oublier leurs racines chrétiennes. Cet oubli produira une désintégration. Quant à la Russie... Ils pensaient que sa fin était venue dans les années nonante, mais comme on dit, l'herbe qui a été arrachée a développé de profondes racines...

Cela signifie-t-il que vous n'avez pas eu de mal à choisir?

C'est juste que le Seigneur m'a soudainement poussé en Russie. La foi orthodoxe m'a amené ici.

Et quand avez-vous réalisé que vous iriez vers l'Orthodoxie?

J'ai grandi dans une famille catholique. Quand j'avais quinze ans, j'ai traversé une crise - cela ne pouvait pas être évité - j'étais intéressé à jouer au football, pas à l'Eglise. Maintenant, imaginez un village français en Vendée et, en son centre, une église avec de très beaux et très hauts clochers. Toutes les quinze minutes, les cloches sonnent. Il y avait une sonnerie de cloche spéciale pour le service au début, une autre sonnerie de cloche pour le service ultérieur, il y avait différentes sonneries de cloche pour les mariages et les baptêmes. Devant l'église, il y a un endroit où les hommes se rassemblent avant le service, car, à l'époque, tout le monde assistait aux offices... Après le service, tout le monde allait au bistrot pour parler, y compris le prêtre. En passant, parler aux gens après l’office n'est pas du tout une mauvaise façon de servir pour un prêtre. Il y avait, évidemment, ceux qui se dirigeaient directement vers le bistrot - les joueurs de football, les parieurs qui jouaient aux courses. Et je me souviens d'être debout dans cet endroit à quinze ans me demandant, où devrais-je aller? Et à un moment donné, j'ai tourné "à gauche", je pensais que j'avais choisi le football. Pourtant, ce jour-là, je suis encore allé à l'église. Et, savez-vous quoi, cela s'est avéré être un TEL jour! Pâques des vitraux brillaient au soleil, des lumières vives, des hymnes pascales... Après cela, c'était tout, je suis resté à l'église. J'ai commencé à assister à des offices même lorsque personne d'autre n'y participait. En semaine après l'école. Ces services, bien sûr, étaient différents de nos services orthodoxes, ils étaient très «secs», une demi-heure et c'était fini. Cela devenait un peu ennuyeux, il n’y avait que moi et une vieille dame. Ensuite, j'ai commencé à lire vos livres russes sur la théologie. Et à marcher sur pieds nus. Même en hiver.


Le monastère masculin de la Sainte Trinité dans la ville de Tcheboksary 

Essayiez-vous d'être un ascète?

Eh bien, je ne sais pas, un jeune homme estime qu'il est important de se démarquer de la foule. C'est ainsi que je me suis distingué. Je suis allé dans une école catholique, bien sûr, dirigé par des religieuses, l'éducation morale a été prise en charge. Mais il y avait encore une soif de théologie. Après l'obtention du diplôme, j'ai travaillé un peu, acheté un sac à dos et une tente avec mes premiers gains, j'ai dit au revoir à la famille et suis allé au sud. J'y ai fini dans mon futur monastère qui, à l'époque, était encore une communauté chrétienne. Nous vivions ensemble comme une famille, en partageant nos gains.

Version française Claude Lopez-Ginisty
D’après

mercredi 26 avril 2017

PRIERE AU MOMENT DE LA COMMUNION de Saint Dimitri de Rostov


Святитель Димитрий Ростовский

Ouvrez-vous portes et verrous de mon cœur,

Afin que puisse entrer le Christ, 
Le Roi de Gloire!

Entre,
Ô ma Lumière,
Et illumine mes ténèbres;

Entre,
Ô ma Vie,
Et ressuscite-moi, moi qui suis mort;

Entre,
Ô mon Médecin,
Et guéris mes blessures;

Entre,
Ô Feu Divin,
Et brûle les épines de mes péchés;
Enflamme mon cœur
Avec la flamme de Ton Amour;

Entre,
Ô mon Roi,
Et détruis en moi le royaume du péché;
Siège dans mon cœur
Comme sur un trône,
Et règne seul en moi,
Toi Qui es mon Roi et mon Seigneur.

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après 



(Le staretz Nazaire recommandait d'apprendre cette prière de Dimitri de Rostov par cœur, et de la réciter au moment d'approcher de la Sainte Communion au Corps et au Sang du Christ.)

Livre sur José Muñoz, Gardien de la Portaïtissa

Du Mont-Athos à Optino, José Muñoz, Pèlerin de la Portaïtissa et Martyr (Claude Lopez-Ginisty)
Publié le 18 avril 2017 par editionsdudesert



Photo du néomartyr José Muñoz portant l’îcône de la Portaïtissa

José Muñoz, devenu moine orthodoxe Ambroise du Mont-Athos, humble gardien de l’Icône de la Portaïtissa, est mort martyrisé en 1997. L’auteur de ce livre, témoin direct et ami de José, eut la grâce de le rencontrer souvent et de l’accueillir chez lui avec l’Icône. À notre demande, il accepta avec humilité d’écrire l’histoire de sa vie. Mais ces pages bouleversantes, exigeantes de vérité, nous entraînent bien au-delà d’une biographie. Tel une icône, ce livre ouvre la porte de l’Invisible illuminant le chemin du Royaume, celui qu’a emprunté le pèlerin José, effacé derrière la Toute-Pure. Consumé d’amour pour Dieu, il livra jusqu’au bout le bon combat.

« Nous allons parler d’un martyr de notre temps, écrit Claude-Lopez-Ginisty dans son Avant-propos. Il vivait en esprit avec les martyrs de tous les temps et de tous les lieux (…). Il fut sur notre terre des vivants un homme simple marchant pieusement vers le Ciel où il demeure à présent. Il obtint du Christ par sa prière fervente le don précieux d’une icône miraculeuse qu’il accompagna dans le monde et donna sa vie pour que ses frères l’aient en abondance de guérisons et de grâces. 

Il devint moine secrètement au Mont-Athos. Il fut torturé à mort à Athènes où il reçut la couronne du martyre. Du Mont-Athos en Grèce, à Optino en Russie, où on le vénère à présent, son itinéraire spirituel est constellée de bénédictions insignes. » 

« (…) En rassemblant tous les témoignages de ceux qui l’ont connu, on s’aperçoit qu’il n’est pas réellement possible d’écrire autre chose que l’histoire de l’Icône et de frère Joseph. Cela est voulu. C’est que sa vie réelle fut celle de gardien fidèle de l’Icône et que son autre vie, il y renonça totalement en choisissant de devenir moine. 

Il disparut quand disparut l’Icône, c’était là sa seule vie véritable, elle était cheminement lent, sûr et douloureux vers le Ciel. Y ayant atteint enfin, il nous laisse le soin de méditer sur ce que fut son errance mystique sur la terre des vivants. »

ISBN 978-2-914857-30-7

mardi 25 avril 2017

Sur le blog saint Materne



Je crois en l'Église Une... (A.S. Khomiakov 1/12)

Un des articles du Credo dit "je crois en l'Église Une"
Qu'est-ce que peut bien signifier cet article que diverses Églises locales divisées ou déchirées, récitent pourtant chacune de leur côté? Un célèbre poète et auteur théologique, co-fondateur du mouvement pan-Slave, en a donné un excellent résumé au 19ème siècle. Seuls quelques détails historiques gagneraient à être mis à jour par des remarques complémentaires, détails qui n'étaient pas encore d'application au temps de l'auteur, ceci expliquant cela.
Par ses échanges de correspondance théologique avec plusieurs éminents représentants de la High Church dans la Communion Anglicane, Alexis Stepanovich Khomiakov les a amenés à découvrir la plénitude de l'Église. Un exemple à suivre en ces temps d'indifférentisme, de relativisme, et autres maladies spirituelles profondément ancrées en Occident.

Texte anglais sur un site internet du Vicariat de Rite Orthodoxe Occidental du Patriarcat Grec-Orthodoxe d'Antioche:

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"L'Église est Une"
par Alexei Stepanovich Khomiakov (1804-1860)

avec une introduction par l'archiprêtre George Grabbe
[Église Orthodoxe Russe Hors Frontières, futur évêque d'une autre branche russe, entré dans l'éternel repos le 7 Octobre 1995]
Note du transcripteur :
Rien n'a été modifié dans le livret; c'est la traduction intégrale du texte de Khomiakov, avec une introduction sur sa vie, et des notes marginales par l'évêque Gregory Grabbe, anciennement protopresbytre George Grabbe.
Ce livret a introduit nombre de gens dans l'Église Orthodoxe, et il est un des essais les plus courts et cependant les plus complets sur la Foi Chrétienne. Il a été rédigé par un laïc, et est trop limité sur certains sujets tels que la liturgie et les sources de la Tradition. Il est recommandé de complèter avec d'autres ouvrages par la suite.
La conversion de ce texte vers le format ASCII est dédiée à l'évêque Gregory Grabbe, anciennement protopresbytre George, qui rédigea l'introduction et traduisit "L'Église est Une". Il passa de cette vie vers sa bienheureuse récompense le 7 octobre 1995. Vechnya Pamyat! Mémoire éternelle!
Alexei Stepanovich Khomiakov est mort le 23 ou 25 septembre (Julien)/ 5 ou 7 Octobre (calendrier grégorien), presque la même date que l'évêque Gregory. L'évêque Gregory dit que Khomiakov est mort le 25 septembre, dans son introduction; d'autres sources, comme Lossky, disent 23 septembre.

[Note du traducteur en 2006 : En français, à ma connaissance, il n'y a que 4 ouvrages publiés sur Khomiakov. Ayant été publiés avant la seconde guerre mondiale, on ne les trouve qu'en bibliothèque. Un seul a été écrit par un auteur Orthodoxe, les autres sont soit préfacés soit écrits par des auteurs hétérodoxes. Ce sont d'excellents ouvrages, et par eux, j'ai découvert et appris à aimer Khomiakov.
1) "A.S. Khomiakov et le mouvement slavophile"
1a) "les hommes"
A. Gratieux
Unam Sanctam n° 5, 1939

1b) "les doctrines"
Unam Sanctam n° 6, 1939

3) "Préface aux oeuvres théologiques de A.S. Khomiakov"
G. Samarine
traduction G. Gratieux
collection Unam Sanctam n° 7, 1939

4) "Le mouvement Slavophile à la veille de la Révolution"
Présentation générale et une partie des écrits par A. Gratieux
Unam Sanctam n° 25, 1953
Le tout aux éditions du Cerf.]

Contenu :
A propos de l'auteur de cette Introduction 

Introduction: Les Khomiakov : Famille, accomplissements, vie spirituelle, oeuvres théologiques, mort

Note par l'évêque Gregory:
"Le livre 'L'Église est Une' a été divisé par l'auteur en 11 chapîtres ou paragraphes, sans titres. Dans cette édition, nous avons donné des titres à ces chapîtres, afin de faciliter l'usage du livre."

A propos de l'auteur de cette introduction:

Le révérend protopresbytre George Grabbe [futur évêque Gregory] a été requis de composer cette introduction afin de donner au lecteur Américain quelqu'information à propos de la vie d'Alexei Khomiakov. Le p. Grabbe était un petit-enfant en ligne directe de la fille de Khomiakov, Anna, qui avait épousé le Comte Michel Grabbe. Par sa grand-mère et ses autres parents, le p. Grabbe avait une connaissance de première main de l'esprit de la famille qui a produit ce grand théologien Russe.

Le p. Grabbe est né en Russie et a reçu sa formation théologique à Belgrade, Yougoslavie [Serbie]. Sa famille a toujours été active dans la vie de l'Église. Son père, le Comte Paul Grabbe, était un estimé membre du Concile Général de Russie en 1917 et fut le premier à lever le bras pour l'élection du patriarche.

Le p. Grabbe, lui-même, fut choisi par feu le métropolite Antoine de Kiev, un ami de sa famille, pour être chancellier du Synode des Évêques de l'Église Orthodoxe Russe Hors Frontières. Il a occupé ce poste à partir de 1931. Avec le Synode, il se réinstalla dans ce pays en 1951. Depuis 1932, il a été l'éditeur du magazine du Synode, "Church Life", et a aussi participé à nombre d'autres revues théologiques russes. (ceci a été écrit en 1953)

Introduction

L'essai que nous présentons est un des traitements les plus inhabituels et provocatifs d'un sujet théologique jamais écrits. Il a été composé en 1844 ou 1845, mais n'a pas été imprimé avant 1863 – 3 ans après la mort prématurée de son auteur. C'est un document des plus surprenants parce qu'Alexei Stepanovich Khomiakov, qui l'a écrit, était un laïc sans la moindre responsabilité théologique officielle.