"Dans la confusion de notre époque quand une centaine de voix contradictoires prétend parler au nom de l'Orthodoxie, il est essentiel de savoir à qui l'on peut faire confiance. Il ne suffit pas de prétendre parler au nom de l'Orthodoxie patristique, il faut être dans la pure tradition des saints Pères ... "
Père Seraphim (Rose) de bienheureuse mémoire

dimanche 9 avril 2017

FEUILLETS LITURGIQUES DE LA CATHÉDRALE DE L’EXALTATION DE LA SAINTE CROIX

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27 mars / 9 avril
6ème dimanche de Carême – de sainte Marie l’Égyptienne
ENTRÉE DU SEIGNEUR À JÉRUSALEM (dimanche des Rameaux)

Sainte Matrone, martyre à Thessalonique (IIIème-IVème s.) ; saint Jean l'Égyptien, ermite en Thébaïde (395) ; saints Manuel et Théodose, martyrs (304).

Liturgie de saint Jean Chrysostome

Lectures : Phil. IV, 4 - 9 / Jn. XII,1-18
SUR LA RÉSURRECTION DE LAZARE ET L’ENTRÉE DU CHRIST À JÉRUSALEM
 


E
n accomplissant la prophétie sur le doux Roi, le Roi de la paix et de l’humilité, Jésus, le Seigneur de l’univers, monte sur un ânon, tandis que les hommes Le glorifie comme Roi et thaumaturge de ce monde ; « Hosanna ! Béni soit… le Roi d’Israël ! ». Ce faisant, le Seigneur veut nous montrer que Son Royaume « n’est pas de ce monde », que Son œuvre n’a rien de politique (cf. Jn XI, 48), que Son royaume est : la vérité, l’immortalité, la vie éternelle. Mais personne ne le comprenait, pas même Ses disciples, jusqu’à ce que Jésus ressuscitât des morts. Le peuple a seulement ressenti dans la résurrection de Lazare la grandeur du miracle : « la foule vint au devant de Lui, parce qu’elle avait appris qu’Il avait fait ce miracle ». Les témoins oculaires attestent : « Tous ceux qui étaient avec Jésus, quand Il appela Lazare du sépulcre et le ressuscita des morts, Lui rendaient témoignage ». Et Lazare ? Comme un monument vivant de l’immortalité et de la Résurrection, il est là, parmi eux. Un témoignage plus convaincant et plus total ne peut exister. La nature humaine, la logique sceptique dépose-t-elle les armes ? Oui, elle les dépose. Mais la méchanceté humaine, la malice humaine, la jalousie humaine ne le peuvent. En voici une preuve : « Les pharisiens se dirent donc les uns aux autres : vous voyez que vous ne gagnez rien ; voici, le monde est allé après Lui ». « Le monde », tout le monde, pas seulement le peuple ou les hommes. Mais cependant, ils maintiennent leur décision : tuer Jésus. C’est encore une preuve du degré de la force du mal ennemi de Dieu dans l’homme. Vraiment, l’âme humaine est dans le délire et la folie à cause du péché. Il s’agit d’une maladie incurable, aucun remède humain ne peut aider ; il n’y a que ce remède : le Dieu-homme et Son œuvre dépassant l’entendement humain, qui sauve les hommes du péché, de la mort et du diable. C’est pourquoi le Verbe de Dieu s’est incarné, car Il pouvait seul sauver l’homme. Lui-seul, et personne d’autre parmi les anges ou les hommes.
                                                                                  St Justin de Tchélié

1er tropaire de la fête, ton 1
О́бщee вocкреcéніe пре́жде Tвоея́ стрácти увѣpя́я, изъ ме́ртвыхъ воздви́глъ ecи́ Ла́заря Xpисте́ Бо́же. Tѣ́мже и мы́ я́ко о́троцы побѣ́ды зна́менія нося́ще, Тебѣ́ побѣди́телю сме́рти вопіе́мъ: ocáнна въ вы́шныхъ, благослове́нъ гряды́й во и́мя Госпо́дне.
Avant Ta Passion Tu t’es fait le garant de notre commune Résurrection, en ressuscitant Lazare d’entre les morts, ô Christ Dieu. C’est pourquoi nous aussi comme les enfants portant les symboles de la victoire, nous Te chantons, à Toi le vainqueur de la mort : Hosanna au plus haut des cieux, béni est Celui qui vient au nom du Seigneur.
2ème tropaire de la fête, ton 4
Спогре́бшеся Тебѣ́ креще́ніемъ Xpиcте́ Бо́же на́шъ, безсме́ртныя жи́зни сподо́бихомся воскpecéніемъ Твои́мъ, и воспѣва́ющe зове́мъ: ocáнна въ вы́шныхъ, благослове́нъ гряды́й во и́мя Госпо́дне.
Ensevelis avec Toi par le baptême, ô Christ notre Dieu, nous avons été rendus dignes de la Vie Immortelle par Ta Résurrection  et nous Te clamons cette louange : Hosanna au plus haut des cieux, béni est Celui qui vient au Nom du Seigneur.
Kondakion de la fête, ton 6
Нa престо́лѣ на нeбecи́, на жребя́ти нa земли́ носи́мый Xpиcте́ Бо́же, áнгеловъ xвале́нie, и дѣте́й воспѣва́нie прiя́лъ ecи́ зову́щихъ ти́: благослове́нъ ecи́ гряды́й Aда́ма воззва́ти.
Porté sur un trône dans le ciel et par un ânon sur la terre, ô Christ Dieu, Tu as reçu la louange des anges et le chant des enfants qui Te clament : bénis es-Tu, Toi qui viens rappeler Adam.

Au lieu de « Il est digne en vérité », ton 4
Бо́гъ Го́сподь и яви́ся на́мъ, соста́вите пра́здникъ и веселя́щеся пріиди́те, возвели́чимъ Xpиста́, cъ ва́iями и вѣ́твьми, пѣ́сньми зову́ще: благослове́нъ гряды́й во и́мя Го́сподa Cпа́са на́шего.
Le Seigneur est Dieu, Il nous est apparu. Organisez une fête et, pleins d’allégresse, allons magnifier le Christ avec des palmes et des rameaux, chantant cet hymne : « béni est Celui qui vient au nom du Seigneur, notre Sauveur ».


HOMÉLIE DE SAINT JEAN CHRYSOSTOME SUR L’ÉPÎTRE DE CE JOUR

« Le Seigneur est proche; ne vous inquiétez de rien ». Car quelle pourrait être, dites-moi, la raison de votre découragement? Serait-ce parce que vos adversaires se dressent contre vous, ou parce que vous les voyez vivre dans les délices? « Ne vous inquiétez de rien ». L'heure du jugement va sonner; dans peu, ils rendront compte de leurs œuvres. Vous êtes dans l'affliction, eux dans les délices? Tout cela finira bientôt. Ils complotent, ils menacent? Mais leurs coupables desseins ne réussiront pas toujours; le jugement est suspendu sur leurs têtes, tout va changer ! « Ne vous inquiétez de rien ». Déjà la part de chacun est faite. Montrez seulement votre patience et modération envers ceux qui vous préparent sans cesse les persécutions; et tout va s'évanouir comme un songe, pauvreté, mort, fléaux de tout genre qui vous menacent, tout finira : « Ne vous inquiétez de rien ». « Mais qu'en tout, par la prière et par la supplication, avec action de grâces, vos demandes et vos vœux soient connus devant Dieu. Dieu est proche; Je serai avec vous tous les jours jusqu'à la fin du monde » c'était déjà une consolation; en voilà une seconde; voilà un antidote capable de dissiper toute peine, tout chagrin, tout ennui. Mais quel est ce médicament? Prier, en toutes choses rendre grâces. Ainsi Dieu ne veut pas que nos prières soient de simples demandes; il les exige unies à l'action de grâces pour les bienfaits que nous avons déjà reçus. Comment, en effet, demander quelques faveurs pour l'avenir, si nous ne sommes pas reconnaissants des faveurs passées? — « En tout », dit-il, c'est-à-dire en toutes choses, recourez à « la prière et à la supplication ». Donc il faut remercier Dieu de tout, même de ce qui paraît fâcheux. C'est vraiment là que se reconnaît le cœur reconnaissant. La nature des choses l’exige; ce sentiment sort spontanément d'une âme vraiment reconnaissante et pleine d'amour pour Dieu. Demandez-Lui donc des faveurs qu'Il puisse approuver et connaître; car il dispose tout pour notre plus grand bien, même à notre insu ; et une preuve que tout se fait pour notre plus grand bien, c'est cette ignorance même où Il nous laisse du succès de nos prières. « Et que la paix de Dieu, qui surpasse toutes nos pensées, garde vos esprits et vos cœurs en Jésus-Christ ». Qu'est-ce à dire? Entendez, dit l'apôtre, que la paix de Dieu, celle qu'Il a faite avec les hommes, surpasse toute pensée. Qui jamais, en effet, attendit et osa espérer ces biens de l'avenir? Ils surpassent non-seulement toute parole, mais toute pensée humaine. Pour Ses ennemis, pour ceux qui Le haïssaient, qui Le fuyaient, pour eux Dieu n'a pas refusé de livrer Son Fils unique pour faire la paix avec nous. Telle est la paix, ou, si vous voulez, telle notre délivrance; telle la charité de Dieu ».



SUR LA PRIÈRE[1]

Tournez incessamment votre esprit vers le Seigneur. Aimez la prière, la conversation avec le Seigneur… Pour ne pas vivre dans l’obscurité, tournez l’interrupteur de la prière, afin que vienne en votre âme la lumière divine. Tout au fond de votre être apparaîtra le Christ. C’est là, dans cette profondeur, que se trouve le Royaume de Dieu. « Le Royaume de Dieu est à l’intérieur de vous-mêmes » (Lc XVII,21).

La prière se fait avec le Saint-Esprit. C’est Lui qui enseigne à l’âme la prière. « Nous ne savons pas, en effet, comment prier, selon ce qui convient, mais c’est l’Esprit par Lui-même qui manifeste Sa présence en notre faveur par des gémissements ineffables » (Rom. VIII, 26). Nous, nous n’avons aucun effort à faire. Nous devons nous adresser à Dieu sur le ton d’un humble serviteur, avec une voix de prière et de supplication. C’est dans ces conditions que notre prière sera agréable à Dieu. Tenons-nous avec vénération devant le Crucifié et disons : « Seigneur Jésus-Christ, aie pitié de moi ». Quand l’esprit de l’homme se met en mouvement vers la prière, c’est en une infime fraction de seconde que vient la grâce de Dieu. C’est alors que l’homme est saisi par la grâce et qu’il voit tout avec d’autres yeux. Le tout est d’aimer Dieu, la prière, l’étude [des textes saints]. Prenons une quantité d’un million et coupons-la en tout petits morceaux : l’effort de l’homme est un millionième.

Avant la prière, l’âme doit se préparer par la prière. Prière en vue de la prière. Écoutez ce que dit le prêtre secrètement, dans sa prière avant la lecture du saint Évangile : « Fais resplendir en nos cœurs, Maître, ami des hommes, la pure lumière de Ta divine connaissance, et ouvre les yeux de notre esprit pour que nous comprenions Ton message évangélique. Mets aussi en nous la crainte de Tes bienheureux commandements, afin que, foulant aux pieds tous les désirs de la chair, nous menions une vie selon l’esprit, ne pensant et n’agissant que d’une façon qui Te plaise. Car Tu est l’illumination de nos âmes et de nos corps, Christ Dieu, et nous Te rendons gloire avec Ton Père sans commencement et Son très saint, bon et vivifiant Esprit, maintenant et toujours, et dans les siècles des siècles. Amen »

Dans la prière, c’est sans nous en rendre compte que nous entrons. Il faut encore nous trouver dans un environnement favorable. C’est notre relation au Christ, la conversation, l’étude, la psalmodie, la petite veilleuse, l’encens qui constituent cet environnement favorable. De cette manière, tout devient simple, « en la simplicité du cœur » (Jn XV,5). En lisant les psalmodies, les offices avec amour, sans nous en rendre compte, nous devenons saints. Les paroles divines nous remplissent d’allégresse. C’est cette allégresse, c’est cette joie qui constituent notre propre effort, pour entrer facilement dans l’atmosphère de la prière ; c’est notre « échauffement », comme on dit…

Saint Porphyre


[1] Tiré de : Père Porphyre, Vie et Paroles, Grands Spirituels orthodoxes du XXème s. L’Âge d’Homme p. 154.

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