"Dans la confusion de notre époque quand une centaine de voix contradictoires prétend parler au nom de l'Orthodoxie, il est essentiel de savoir à qui l'on peut faire confiance. Il ne suffit pas de prétendre parler au nom de l'Orthodoxie patristique, il faut être dans la pure tradition des saints Pères ... "
Père Seraphim (Rose) de bienheureuse mémoire

lundi 19 mars 2012

Jean-Claude LARCHET/ Recension: « L’icône des martyrs, témoins de l’au-delà »

Quenot



Michel Quenot, « L’icône des martyrs, témoins de l’au-delà », Éditions Saint-Augustin, Saint-Maurice (Suisse), 2011, 228 p.
Contrairement à la plupart des livres du Père Michel Quenot, ce livre ne traite pas des icônes : le titre, ambigu, se réfère moins aux icônes des martyrs (bien que ce livre en comporte de nombreuses et belles reproductions) qu’aux martyrs comme icônes.
Ce livre dresse un panorama des martyrs et du martyre depuis les origines du christianisme jusqu’à nos jours et dans toutes les régions du monde.
Il ne prétend pas à l’exhaustivité (difficile à atteindre tant les martyrs sont nombreux) ni être un ouvrage scientifique. L’auteur annonce d’emblée qu’il est mû par un désir d’éveil, que son souci est pédagogique et son approche pastorale, et que dans son intention, la formation l’emporte sur l’information. Le style est simple et l’exposé ne s’embarrasse pas de notes.
Outre d’indispensables rappels historiques, on trouvera ici des réflexions sur la nature du martyre, ses formes et son sens. L’auteur pense – cela est exprimé en particulier dans le quatrième et dernier chapitre intitulé « La persécution comme critère chrétien » – que la persécution subie et le martyre sont indissociables du christianisme.

Le premier chapitre présente les persécutions et le martyre des chrétiens au cours des trois premiers siècles, qui furent surtout le fait des empereurs, pour la raison que le christianisme s’opposait à leur propre culte ou à celui des idoles qu’ils vénéraient. Dans le troisième chapitre, l’auteur évoque l’oppression par les régimes communistes du XXe siècle de millions de chrétiens (parmi lesquels un grande majorité d’orthodoxes) et le martyre de plusieurs centaines de milliers d’entre eux. Il évoque aussi les 700.000 Serbes orthodoxes mis en camp de concentration et exterminés par les oustachis croates (catholiques) au cours de la Deuxième guerre mondiale ; ce n'est malheureusement pas un cas unique où des chrétiens orthodoxes furent persécutés et martyrisés par des chrétiens hétérodoxes (on en trouvera de nombreux exemples dans l'excellent livre de Claude Laporte « Tous les saints de l'Orthodoxie »)Mais dans le troisième et le quatrième chapitres, l’auteur accorde une très grande place – et c’est une caractéristique de ce livre – aux millions de chrétiens qui, depuis le VIIe siècle jusqu’à aujourd’hui, ont été des martyrs de l’islam, que ce soit au Moyen-Orient, dans les Balkans ou dans le Caucase (sur ce dernier point on peut regretter que la Géorgie soit négligée, alors qu’elle a compté des dizaines de milliers de martyrs – parmi lesquels 10000 (certaines sources disent 100.000) chrétiens refusant de piétiner la croix, égorgés en l’espace de quelques jours à Tbilisi en 1227, et 6000 moines exterminés la nuit de Pâques 1616 à David-Garedji sur l'ordre du Shah Abbas Ier).L’auteur écrit : « Sans minimiser les persécutions terribles des trois premiers siècles de la chrétienté, le nombre de personnes tuées pour leur foi au XXe siècle excède de loin celui des dix-neuf siècles précédents. Combien sont-ils ? Un million, deux millions, huit millions ? La persécution la plus constante jusqu’à ce jour provient malheureusement des pays islamiques, n’en déplaise à ceux qui refusent cette réalité sous couvert de tolérance et de multiculturalisme ». L’auteur vise en particulier l’Arabie Saoudite – où tous les cultes autres que l’islam wahhabite sont interdits et où toute expression de la foi chrétienne est punie par la loi –, l’Iran, l’Égypte – où les coptes sont aujourd’hui plus qu’hier gravement persécutés  et leurs églises incendiées –, la Palestine – où des 80.000 chrétiens que comptait Jérusalem en 1987 il ne reste qu’environ 5000 (il faut cependant noter qu'une partie de l'exode des chrétiens est due à la pression des colons israéliens à Jérusalem-est) –, la Syrie – où les 25% de chrétiens qu’elle comptait au début du XXe siècle sont aujourd’hui réduits à 7% et vont, à la suite des événements actuels, si les islamistes prennent le pouvoir, probablement disparaître –, le Soudan, le Nigéria, l’Irak, les Moluques, les Philippines, l’Afghanistan. L’auteur aurait pu ajouter le Koweit, où la construction d'églises est désormais  interdite par la loi, le Kosovo, où dans une période récente plus de cent cinquante églises ont été détruites et beaucoup d'autres saccagées, tandis que les clercs étaient victimes d'agressions. Orthodoxie.com a régulièrement rendu compte des persécutions de chrétiens dans plusieurs de ces pays.
Le problème, selon l’auteur, ne se pose pas seulement loin de nos frontières. « Avec le brassage des populations, note-t-il, le fondamentalisme islamique marque des points dans cet Occident dont il veut la ruine pour mieux l’islamiser. Cet antichristianisme, dont témoignent indéniablement les faits, porte la guerre sainte dans ses gènes. La violence fait surface dès que les groupes islamistes se croient assez forts. » L’auteur déplore le silence de la majorité des chrétiens à ce sujet, et note que « dans le débat sur l’islamisation galopante en Europe, c’est davantage la faiblesse des chrétiens, leur apostasie, que la force de l’islam qui est en jeu », et que « si le dialogue interreligieux profite aux musulmans de nos pays, il ne modifie en rien l’attitude envers les chrétiens dans les pays islamiques ». « Groupe religieux minoritaire, conclut l’auteur, les chrétiens sont néanmoins aujourd’hui les plus persécutés. Plus de deux cents millions d’entre eux sont confrontés à des restrictions dans l’exercice de leur foi. Un grand nombre de pays affichent des lois contraires à la liberté religieuse. »Alors que beaucoup d’orthodoxes sont devenus à la fois relativistes
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