"Dans la confusion de notre époque quand une centaine de voix contradictoires prétend parler au nom de l'Orthodoxie, il est essentiel de savoir à qui l'on peut faire confiance. Il ne suffit pas de prétendre parler au nom de l'Orthodoxie patristique, il faut être dans la pure tradition des saints Pères ... "
Père Seraphim (Rose) de bienheureuse mémoire

samedi 13 octobre 2012

Son Eminence le Novice ( Vladyka Basile [Rodzyanko]) (1)

Bishop Basil (Rodzyanko). Photo by Yu. Kaver

L'évêque russe Basile (Rodzianko) est décédé le 17 Septembre 1999, à Washington, DC. En réalité, l'évêque Basile avait simplement attendu ce moment pour commencer un voyage pour lequel il s'était préparé toute sa vie. En effet, Basile en parlait souvent, mais personne ne semblait comprendre. Ses interlocuteurs préféraient l'ignorer ou exprimer leur sympathie en disant: "Pourquoi, Vladyka, [c'est ainsi que les Russes appellent leurs évêques, un mot au sens affectueux "souverain", "Maître" ou "Votre Grâce"], vous avez une vie devant vous! Dieu est miséricordieux! "Mais l'évêque lui-même attendait avec impatience son voyage ultérieur avec impatience et avec un vif intérêt.


Bishop Basil (Rodzyanko) in Pochaev. Photo by the author
Vladyka Basile (Rodzianko) à Potchaev.  

Le fait est qu'au cours de sa vie, il avait toujours été un voyageur invétéré. De plus, je dirais que voyager était sa vraie mission et sa vraie façon de vivre. Le début de son voyage, sans aucun doute, c'était sa naissance dans le domaine aristocratique d'Otrada, qui était son patrimoine familial. Le garçon qui allait devenir l'évêque Basile fut appelé Vladimir (Volodia) par ses parents. Le grand-père paternel du garçon nouveau-né était Mikhaïl Vladimirovitch Rodzianko, le président de la Douma d'État de l'Empire russe. Et sa mère venait de deux anciens lignages princiers du plus haut rang: les Golitsyn et les familles Soumarokov. En effet, de nombreuses familles nobles russes étaient dans la parenté proche ou lointaine avec ce serviteur de Dieu particulier.
En 1920, l'évêque entreprit son voyage réel suivant. A l'époque il n'avait que cinq ans. La route fut longue par terre et par mer, via la Turquie et la Grèce et la Serbie. La famille fut forcée de partir parce que les nouveaux dirigeants de la Russie n'étaient pas prêts à laisser l'ancien président de la Douma Impériale d'Etat et sa famille vivre en paix. Les Rodzyanko s'installèrent à Belgrade, et c'est là que le futur évêque fut élevé.
Il eut la chance d'avoir des professeurs merveilleux. La crème de la communauté russe émigrée s'était rassemblée en Yougoslavie. Parmi eux se trouvaient ses mentors immédiats, le saint hiérarque Jean (Maximovitch), qui trente ans plus tard allait devenir l'éminent archevêque de San Francisco, et serait connu soixante ans plus tard comme un saint de l'Église Orthodoxe Russe à l'Etranger, ainsi que le grand Primat de l'Eglise Orthodoxe Russe à l'Etranger, le métropolite Antoine (Khrapovitski). C'étaient tous deux des géants spirituels, et ils eurent une influence considérable et positive sur leur jeune élève.
Pourtant, il y avait un autre enseignant qui n'est pas moins important dans la vie du futur évêque celui que Volodia ne pourrait jamais oublier. Ce fut son précepteur, un ancien officier de l'armée blanche. Personne d'autre que Volodia ne savait que son tuteur le battait et le torturait constamment et torturait le pauvre garçon très habilement aussi, en le frappant sans laisser de traces. Cet officier misérable nourrissait une haine intense pour Mikhaïl Vassilievitch Rodzianko, grand-père de son petit écolier, estimant qu'il était à blâmer pour la destruction de la Russie. Il n'avait aucun moyen d'exercer sa colère contre le grand-père, et, hélas, il fit payer pour tout cela le pauvre petit-fils.
Des années plus tard, l'évêque se rappelait: "Ma mère peu de temps avant sa mort, a déclaré:"S'il te plaît pardonne-moi sans le vouloir d'avoir laissé cet homme te torturer quand tu étais enfant." "Maman, c'était la volonté de Dieu, dis-je, et si cela n'était pas arrivé à moi quand j'étais enfant, je ne serais jamais devenu ce que je suis aujourd'hui…"

The Church of the Feodorov Icon of the Mother of God in Tsarskoye Selo. Photo: uolliss.ya.ru
L'église de la Mère de Dieu "Fedotov" à Tsarkoïé Selo

Quand l'évêque était déjà dans ses années de déclin, Dieu lui donna l'occasion de retourner au village impérial de Tsarskoïe Selo. Là, Vladyka Basile avait reçu l'autorisation des autorités de l'Église de servir la Liturgie dans l'Église de l'Icône Feodorov de la Mère de Dieu, église de prédilection de la famille du Tzar. Lorsque l'office fut terminé, l'évêque sortit et alla vers la population et confessa la culpabilité qu'il avait ressentie depuis son enfance uniquement parce qu'il avait été le petit-fils de son grand-père bien-aimé. L'évêque dit: "Mon grand-père ne voulait que le meilleur pour la Russie, mais en tant qu'homme faible, il a souvent fait des erreurs. Il était en faute quand il a envoyé ses parlementaires à Sa Majesté Impériale pour lui demander son abdication. Il ne pensait pas que le tsar abdiquerait à la fois pour lui et pour son fils, et quand il a appris que c'était ce qui s'était passé, il pleura amèrement et dit: "Rien ne peut être fait maintenant. La Russie est perdue. Et c'est ainsi qu'il est devenu involontairement responsable de la tragédie du massacre de la famille impériale à Ekaterinbourg. Il s'agissait d'un péché involontaire, mais tout de même un péché. Et maintenant, en ce saint lieu, je demande à la Russie, pour son peuple et pour la famille du tzar assassiné de pardonner à mon grand-père et de me pardonner. Et comme évêque, avec l'autorité qui m'a été donnée par Dieu, je lui pardonne, et je libère son âme de ce péché involontaire…"

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après
Archimandrite Tikhon


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