"Dans la confusion de notre époque quand une centaine de voix contradictoires prétend parler au nom de l'Orthodoxie, il est essentiel de savoir à qui l'on peut faire confiance. Il ne suffit pas de prétendre parler au nom de l'Orthodoxie patristique, il faut être dans la pure tradition des saints Pères ... "
Père Seraphim (Rose) de bienheureuse mémoire

mercredi 19 février 2014

Françoise LHOEST: Saint prêtre martyr Vassili Nadéjdine (†19 février 1930) (R)



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Tombe du martyr à Kem


Vassili Fiodorovitch Nadéjdine est né à Moscou le 12 janvier 1895. C’était le 5e des 6 enfants (3 garçons :lui : Basile, Vladimir et Paul et 3 filles, Catherine, Anna et Véra) de pieux parents : Fiodor Alexéiévitch, marguillier de l’église de la Protection de la Mère de Dieu, et de son épouse Sophia Pavlovna. Vassili fréquenta l’école religieuse du monastère « Derrière l’icône du Sauveur », puis en 1910, entra au séminaire de Moscou. Il chantait à l’église, dirigea le chœur.
Un parent de son père, l’archevêque Anastase (Gribanovsky) fut affecté au diocèse de Kholm (maintenant Chelm en Pologne, un pays dépeçé par ses voisins qui fut rayé de la carte de 1795 à 1918) et le jeune Vassili put l’accompagner dans ses visites pastorales, notamment au monastère Saint-Onuphre de Jableczna. Puis l’archevêque étant muté à Kichiniov en Moldavie, c’est là que le jeune Vassili prépara l’examen d’entrée à l’Académie Ecclésiastique de Moscou l’été 1916.
Mais à cause de la guerre, le semestre s’interrompit prématurément et le jeune Vassili fut invité dans une famille aristocratique du gouvernement de Saratov pour enseigner le catéchisme à deux enfants : Fiodor et Sophie Medem, qui l’aimèrent beaucoup. À la fin de février, il repartit pour reprendre les cours du 2e semestre, mais ce fut la révolution de février 1917 et l’abdication du tsar Nicolas II. Dès la fin des examens, Vassili retourna à Saratov. Le comte Medem avait une petite église dans sa propriété, et Vassili y prononça des sermons, notamment à la Saints-Pierre-et-Paul, il déclara que « beaucoup ne sont pas capables d’apprécier les exploits d’apostolat des saints Pierre et Paul, que tout l’arbitraire, les assassinats d’innocents, les vols, etc. prouvent qu’une grande partie du peuple russe n’a pas été atteinte par le message du christianisme » et que « les derniers temps, dont parle l’apôtre Paul , se rapprochent ».
Revenu à l’Académie, il put y entendre les cours de Nouveau Testament dispensés par un jeune professeur très brillant : l’archimandrite Hilarion Troitsky, futur évêque martyr de Véréia. Au printemps 1919, l’Académie étant fermée par les bolchéviques, le typhus régnant à Moscou, Vassili emmena sa sœur Catherine, restée veuve avec trois petits enfants, chez un ami prêtre dans le diocèse de Penza où il enseigna les mathématiques jusqu’en 1921, mais avec un intermède à Moscou où il se maria avec une musicienne, Elena Serguéievna Borisoglebskaïa, et ramena avec lui à Penza sa jeune épouse et son autre sœur, Anna, qui mourut peu après. Il revint à Moscou, passa ses examens finaux à l’Académie (clandestinement) en 1920, prit un emploi de comptable plus près de Moscou.
Un an plus tard, le 26 juin 1921, il fut ordonné au sacerdoce et affecté à l’église Saint-Nicolas « de la Cabane-de-paille », une église en bois construite par le célèbre architecte Chekhtel, pour un régiment dans le nord de Moscou. C’est là qu’il allait servir jusqu’à son arrestation en 1929. La paroisse comptait de nombreux membres de l’intelligentsia, en particulier de l’Institut d’Agronomie tout proche, soucieux de voir leurs enfants instruits dans la foi. Le père Vassili s’attela à la tâche avec enthousiasme, organisant des rencontres de catéchèse, formant une très belle chorale, allant à des concerts de musique classique avec eux, discutant de littérature sérieusement et d’un point de vue chrétien. Certains membres de la paroisse, avec sa bénédiction, se joignirent à lui pour l’aider dans le travail catéchétique. En 1928, souffrant de tuberculose, il dut aller en Bachkirie boire du lait de jument, et en son absence, c’est son ami, le futur saint martyr père Vladimir Ambartsoumov[1] qui le remplaça.
Evidemment, son activité pastorale lui valut d’être d’abord expulsé de son logement puis arrêté le 28 octobre 1929. Lors de son interrogatoire le père Vassili déclara qu’il lisait pour la catéchèse des textes de saint Basile le Grand, saint Grégoire le Théologien, qu’il avait parlé de son pèlerinage à Sarov, etc. et qu’un chrétien pouvait vivre dans une réalité non chrétienne ambiante jusqu’à une certaine limite, mais qu’au-delà, il fallait être prêt à des changements de conditions de vie, si on voulait rester chrétien, car on ne peut pas être chrétien seulement de nom.
À la prison des Boutyrki, le père Vassili rencontra le père Serge Métchov qu’il connaissait bien : ils purent parler plusieurs heures ensemble, ce qui les affermit tous les deux : le père Serge (qui mourut en martyr le 6 janvier 1942) témoigna par la suite que le père Vassili était prêt à comparaître devant son Seigneur. Le 20 novembre 1929, l’OGuépéou condamna le père Vassili à 3 ans de détention au camp des Solovki, mais la navigation étant déjà interrompue, il fut laissé jusqu’au printemps à Kem. Là, dans une baraque du camp, le père Vassili tomba malade du typhus, et mal soigné il contracta aussi la gangrène.
Sa matouchka Elena, qui était enceinte de leur cinquième enfant, fut autorisée à venir à Kem ; elle put lui transmettre de la nourriture le jour et rester de longues heures la nuit au chevet de son mari jusqu’à sa mort. « Je suis si heureuse de pouvoir vivre ici et de pouvoir l’aider au moins un peu», écrivait-elle de Kem à sa famille. Le père Vassili put communier. Dans sa dernière lettre, expédiée avant l’arrivée de son épouse, il écrivait : « J’ai senti qu’il était temps de vous écrire une lettre d’adieu… Comme il m’était doux de me sentir entouré d’amour ». Et il rendait grâces. Il mourut le jour de l’anniversaire de matouchka Elena qui fut autorisée à enterrer son mari à Kem, le corps ne fut donc pas jeté dans une fosse commune. Pour sa part, après la naissance de son bébé, elle fut condamnée à trois ans d’exil, loin de ses enfants, mais néanmoins elle rendait grâces à Dieu pour tout.
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L’église détruite a été maintenant reconstruite, toujours en bois, la paroisse du père Vassili revit, elle compte de nombreux jeunes et une chorale très active. Tous sont profondément attachés au trésor de sainteté de leurs deux prêtres martyrs et reprennent des méthodes de travail du père Vassili : chorale, groupes de discussion, cercles d’activités, animés par des jeunes désireux d’approfondir leur foi. Il y a quelques années, une étudiante de l’Université Saint-Tikhon a fait dans le cadre de son cursus un reportage[2] qui l’a elle-même bouleversée, sur la vie et l’œuvre de saint Vassili. Elle a retrouvé son dernier fils, Vassili Vassiliévitch, qui garde pieusement la croix pectorale de son père et sa lettre de nomination signée du saint patriarche Tikhon.
Françoise Lhoest[3]
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Tropaire ton 2 : 
Par ta douceur tu as été dès ta jeunesse à l’image du Christ, tu as aimé les divins commandements de toute ton âme et de tout ton cœur ; tu as été un bon pasteur donnant ta vie pour tes brebis, à l’image de Dieu notre Sauveur. Saint prêtre martyr Basile prie le Christ notre Dieu de sauver nos âmes.

Kondakion, ton 2 :
Zélé pour la gloire de Dieu et la foi orthodoxe, enseignant ton troupeau, saint prêtre martyr Basile, tu as accompli dignement ton service pastoral sur la terre, Devant l’autel de Dieu avec joie et reconnaissance, plein de douceur mais ferme devant tes bourreaux, et en glorifiant le Christ tu as quitté ta sombre prison pour les demeures tant désirées du Père. C’est pourquoi aujourd’hui en célébrant le Dieu Trinitaire, avec la cohorte des saints martyrs, protège-nous par tes prières, nous qui t’honorons avec amour.


[1] Voir bulletin de la Crypte, novembre 2012.
[2] Radost’ moya, 26 minutes sur You Tube.
[3] Avec les ressources d’Internet en russe.

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