"Dans la confusion de notre époque quand une centaine de voix contradictoires prétend parler au nom de l'Orthodoxie, il est essentiel de savoir à qui l'on peut faire confiance. Il ne suffit pas de prétendre parler au nom de l'Orthodoxie patristique, il faut être dans la pure tradition des saints Pères ... "
Père Seraphim (Rose) de bienheureuse mémoire

mardi 11 février 2014

La staritza Evdokia (Eudocie), folle-en-Christ (I)




(+ 24 octobre/6 novembre 1890)


La staritza Evdokia est née en 1830 à Toula. Elle était la fille de Matthieu Plaskonov, qui était d'un rang social commun. Ses parents étaient des gens modestes d’une grande piété; son père travaillait dans une fabrique d’armes. Dès son enfance, Evdokia se distinguait des autres jeunes filles par une rare beauté. Même lorsqu’elle était enfant, elle était calme, modeste et obéissante; elle aimait la solitude et elle était très pensive.
A l’âge de 15 ans, Evdokia Matveyevna (fille de Matthieu) alla en pèlerinage au monastère des thaumaturges des Solovki, et ce voyage développa plus encore son esprit religieux et développa plus spécialement sa dévotion à la Providence de Dieu. Une circonstance y contribua en particulier. Pendant le voyage de retour, dans une ville, alors qu’Evdokia n’avait ni argent ni pain pour le long voyage de retour, elle marchait le long d’une rue, pleurant et ayant peur de demander l’aumône. Soudain, un jeune homme vint vers elle et lui dit : "Ne pleure pas," et il lui donna de l’argent. Il devint alors invisible si rapidement que sa marraine qui était sa compagne de voyage et qui marchait devant elle, ne vit pas le jeune homme.
Jusques à l’âge de vingt ans, elle vécut dans la maison de ses parents. En plus d’elle, ils avaient deux fils. Comme elle aidait sa mère dans ses tâches, elle ne pensa jamais au mariage, et toutes ses pensées allaient au Ciel.
Quand elle eut vingt ans, Evdokia décida d’entrer dans la vie monastique. Ses parents bénirent sa décision avec joie. Elle pensa d’abord entrer au monastère de Toula, mais désirant prendre conseil auparavant, elle se tourna vers un certain fol-en-Christ très respecté qui vivait à Toula. Il gisait, la tête dans la direction de la ville de Mitchalov et il lui dit : voilà la direction que tu dois prendre.
Suivant son conseil, la belle jeune fille, un sac sur l’épaule, partit pour le monastère féminin Ryazansky de Mitchalov, où elle fut acceptée par l’higoumène Elpidephora.
Evdokia y vécut ses premières sept années en novice modèle. Humble et dévouée, elle était remarquée pour son amour des durs labeurs, et elle était extraordinaire par la qualité de son travail manuel. Elle était obéissante et diligente, novice auprès d’une des moniales les plus strictes, et durant ses heures libres, elle s’occupait aussi de moniales âgées, apportant à certaines du bois de chauffage, de l’eau à d’autres, lavant le linge  pour d’autres encore. Toutes l’aimaient pour son bon caractère et sa promptitude à les servir.
Durant la septième année de sa vie monastique, Evdokia d’adonna à un ascétisme très rigoureux, couvrant cela sous le masque de la folie en Christ. D’abord on considéra qu’elle était devenue folle, mais après un certain temps, son ascétisme fut compris.
Même avant cela, Evdokia était une femme de prière fervente: maintenant, elle prit sur ses épaules ce nouveau combat spirituel, elle s’adonna entièrement à la prière, et plus particulièrement à la prière secrète. Elle assistait toujours aux offices divins. Elle se tenait près des portes et retournait à sa cellule avant tous les autres.
Son labeur ascétique rigoureux, elle le cachait sous le masque de la folie. Elle jeûnait  beaucoup ; elle mangeait peu. De temps en temps, elle allait voir sa famille à Toula. Sur un petit traineau, elle emportait des pommes de terre et du pain, qu’elle mangeait en route. Quand elle était à Toula, elle passait son temps à travailler; très souvent elle apportait sur son traineau une pile de linge des moniales qu’elle lavait.
A Toula, elle déambulait toujours avec un chaton dans son sein; quand on lui demandait pourquoi, elle s’excusait, disant qu’avec le chaton elle avait plus chaud. Elle marchait vite et parlait peu. La plupart du temps, elle était concentrée en elle-même.

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après
Ascetic Strugglers of Piety
Volume II
(original Russian Strugglers for Piety 
of the 18th and 19th centuries
October Volume, Moscou 1909 [en russe])
Saint Païsius Orthodox Women Monastery
Safford, Arizona
USA

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