"Dans la confusion de notre époque quand une centaine de voix contradictoires prétend parler au nom de l'Orthodoxie, il est essentiel de savoir à qui l'on peut faire confiance. Il ne suffit pas de prétendre parler au nom de l'Orthodoxie patristique, il faut être dans la pure tradition des saints Pères ... "
Père Seraphim (Rose) de bienheureuse mémoire

dimanche 28 février 2016

FEUILLETS LITURGIQUES DE LA CATHÉDRALE DE L’EXALTATION DE LA SAINTE CROIX


15/28 février
Dimanche du Fils prodigue
Saint Onésime, apôtre (vers 109) ; saint Paphnuce, reclus des Grottes de Kiev (XIII); saint Paphnuce et sa fille Euphrosynie  (V) ; saint Eusèbe, ermite en Syrie (Vème s.) ; saints hiéromartyrs Michel Piataïev et Jean Kouminov, prêtres (1930) ; saints hiéromartyrs Nicolas Morkovine, Alexis Nikitsky, Alexis Smirnov, prêtres, Syméon Kouliamine, diacre, saint martyr Paul Kozlov, moine et Sophie Severstov, moniale (1938).

Lectures : 1 Cor. VI, 12–20. Lc. XV, 11–32.
AU SUJET DU FILS PRODIGUE

C
e n’est que lorsqu’il fut rentré en lui-même et qu’il eut compris en quelle misérable  situation il était tombé, que ce fils qui s’était coupé de son Père, pleura sur lui-même en disant : «Combien de mercenaires  de mon père ont du pain en abondance et moi je meurs de faim ». Qui sont ces mercenaires ? Ce sont ceux qui pour la sueur de leur repentir et leur humilité reçoivent comme un salaire – le salut. Tandis que les fils, ce sont ceux qui, par amour pour Lui se soumettent à Ses commandements; comme dit aussi le Seigneur : « Celui qui m’aime gardera ma parole » (Jn XIV, 23). Ainsi ce plus jeune fils, privé de sa dignité filiale et qui s’était volontairement exclu de la patrie sacrée et était tombé dans la famine, se condamne lui-même, s’humilie et dans le repentir dit : «Je me lèverai, j’irai et je tomberai aux pieds du Père et je dirai : Père, j’ai péché contre le ciel et contre toi » (…) Ce père [dans la parabole du fils prodigue], c’est Dieu ; en effet comment ce fils qui s’était séparé de son père, aurait-il péché contre le ciel, s’il ne s’agissait pas du Père céleste. Ainsi il dit : « J’ai péché contre le ciel », c'est-à-dire contre les saints du ciel et ceux dont l’habitation est au ciel, « et devant Toi », qui vis au ciel avec Tes saints.                                                                                                       St Grégoire Palamas
Tropaire du dimanche, ton 6
нгельскія си́лы на гро́бѣ Твое́мъ, и стрегу́щіи омертвѣ́ша : и стоя́ше Mapíя во гро́бѣ, и́щущи пречи́стаго Тѣ́ла Tвоего́. Плѣни́лъ еси́ а́дъ, не искуси́вся отъ него́ ; срѣ́тилъ еси́ дѣ́ву, да́руяй живо́тъ. Bоскреcы́й изъ ме́ртвыхъ Го́споди, сла́ва Tебѣ́.
Les puissances angéliques apparurent devant Ton sépulcre, et ceux qui le gardaient furent comme frappés de mort. Marie se tenait près du tombeau, cherchant Ton Corps immaculé. Tu as dépouillé l’enfer, sans être éprouvé par lui ; Tu es allé à la rencontre de la Vierge en donnant la vie. Ressuscité d’entre les morts, Seigneur, gloire à Toi !

Kondakion du fils prodigue, ton 3
Оте́ческія cлáвы Tвоея́ удали́хся безу́мно, въ злы́хъ pacточи́въ éже ми́ пре́далъ ecи́ бога́тство ; тѣ́мже Tи́ блу́днаго гла́съ приношу́ : coгрѣши́xъ пре́дъ Tобо́ю Óтче щéдрый, прiими́ мя кáющacя, и coтвopи́ мя я́ко eди́наго отъ нае́мникъ Tвои́xъ.
M’étant écarté, comme un insensé, de Ta gloire paternelle, j’ai dilapidé en mal la richesse dont Tu m’avais comblé. C’est pourquoi je fais monter vers Toi le mot du Prodigue : « J’ai péché contre Toi, Père miséricordieux : accueille-moi, repenti, et compte-moi comme l’un de Tes journaliers ».

AU BORD DES FLEUVES DE BABYLONE…
Afin de rappeler aux chrétiens, de façon plus vive, leur éloignement de leur Patrie céleste et leur asservissement au péché, l’Église, aux matines, après les psaumes du Polyéléos, chante le psaume 136. Celui-ci était chanté par les Juifs lors de leur captivité à Babylone, après la chute de Jérusalem et la destruction du premier Temple. La première partie du psaume (versets 1-6) manifeste l’affliction des Juifs pour la perte de leur patrie, tandis que la seconde (versets 7-9), exprime l’espoir du châtiment des agresseurs. Les « fleuves de Babylone » mentionnées dans le texte sont l’Euphrate, le Tigre et, peut-être, le Chobar (mentionné par Ezéchiel), sur les rives desquels les Juifs affligés se rappelaient du Temple de Jérusalem et des offices qui y étaient célébrés. Les Juifs refusaient de « chanter un cantique au Seigneur sur une terre étrangère » parce qu’il était interdit de chanter les cantiques sacrés hors du Temple. St Jean Chrysostome commente: « Les Juifs refusèrent de chanter. Vois-tu la force que donne l’affliction ? La componction, la contrition qu’elle opère ? Ils pleuraient, et ils observaient la Loi ; ils avaient  vu les larmes des prophètes, ils en avaient ri, ils s’en étaient  joués, ils s’en étaient moqués ; et maintenant, sans personne pour leur adresser des exhortations, ils versaient des larmes et faisaient entendre des gémissements. Les ennemis, de leur côté, retiraient, de cette conduite, de précieux avantages ; ils voyaient, en effet, que ces captifs ne pleuraient pas, parce qu’ils étaient captifs, parce qu’ils étaient en servitude, parce qu’ils habitaient une terre étrangère, mais parce qu’ils étaient privés du culte de leur Dieu. Voilà pourquoi le Psalmiste ajoute : « Au souvenir de Sion ». Ils ne pleurent pas en effet seulement par hasard ; mais pleurer est leur principale occupation ; voilà pourquoi le Psalmiste dit en commençant : « Nous étions assis et nous pleurions » (…) Mais pourquoi ne leur était-il pas permis de chanter sur la terre étrangère ? C’est parce que des oreilles profanes ne devaient pas entendre ces cantiques secrets. « Comment chanterions-nous un cantique du Seigneur, sur la terre étrangère ? » (v. 4) Ce qui veut dire : Il ne nous est pas permis de chanter ; quoique nous soyons déchus de notre patrie, nous voulons observer toujours la Loi, avec une scrupuleuse fidélité. Vous avez beau exercer votre domination sur nos corps, vous ne triompherez pas de notre âme ». La Droite qui abandonnera celui qui oublie Jérusalem est, selon les Pères, l’aide Divine qui vient des hauteurs. Celui qui oubliera Jérusalem et, par voie de conséquence, l’alliance entre Dieu et Son peuple, sera lui-même oublié par Dieu. Les Iduméens et les Édomites, sont les descendants d’Esaü, frère de Jacob (Israël), surnommé Édom.  Ils entretenaient une haine particulière à l’endroit des Juifs, considérant que par leur faute, ils avaient été privés des magnifiques terres de Canaan. Pour cette raison, à chaque occasion, ils se vengeaient et ce de la façon la plus violente. Ils ne prenaient pas seulement part à toutes les guerres conduites contre les Juifs, mais ils achetaient aux Assyriens et aux autres peuples des prisonniers juifs, qu’ils enfermaient dans leurs forteresses pour les torturer. Avec les Babyloniens, les Iduméens participèrent au siège et à la destruction de Jérusalem. Selon le commentaire des Saints Pères, les différents qualificatifs appliqués, dans l’Ancien Testament (notamment le Psautier) au combat physique contre l’ennemi, dont l’assassinat de qui que ce soit ou l’appel à le faire, ou encore la description admirative de ce qui est fait aux ennemis du peuple d’Israël, sont appliqués non à des personnages concrets, mais aux passions et aux vices qui affectent la nature humaine. C’est ainsi que les «petits enfants » dont il est ici question sont les pensées pécheresses qui sont brisées par la Pierre de la Foi, le Christ Sauveur.
Psaume 136
На рѣка́хъ Вавѵло́нскихъ, та́мо сѣдо́хомъ и пла́кахомъ, внегда́ помяну́ти на́мъ Сiо́на. Аллилу́iа. На ве́рбiихъ посредѣ́ его́ обѣ́сихомъ орга́ны на́ша. Аллилу́iа. Я́ко та́мо вопроси́ша ны́ плѣ́́ншiи на́съ о словесѣ́хъ пѣ́сней и ве́дшiи на́съ о пѣ́нiи. Аллилу́iа. Воспо́йте на́мъ отъ пѣ́сней Сiо́нских. Аллилу́iа. Ка́ко воспое́мъ пѣ́снь Госпо́дню на земли́ чужде́й? Аллилу́iа. А́ще забу́ду тебе́, Iерусали́ме, забве́на бу́ди десни́ца моя́. Аллилу́iа. Прильпни́ язы́къ мо́й горта́ни моему́, а́ще не помяну́ тебе́, а́ще не предложу́ Iерусали́ма, я́ко въ нача́лѣ весе́лIя моего́. Аллилу́iа. Помяни́, Го́споди, сы́ны Едо́мскiя, въ де́нь Iерусали́мль, глаго́лющiя: истоща́йте, истоща́йте до основа́нiй его́. Аллилу́iа. Дщи́ Вавѵло́ня окая́нная. Блаже́нъ и́же возда́стъ тебѣ́ воздая́нiе твое́, е́же воздала́ еси́ на́мъ. Аллилу́iа. Блаже́нъ и́же и́метъ, и разбiе́тъ младе́нцы твоя́ о ка́мень. Аллилу́iа.
Au bord des fleuves de Babylone, nous étions assis et nous pleurions, au souvenir de Sion. Alléluia. Aux saules de leurs rives, nous avions suspendu nos harpes. Alléluia. Là, ceux qui nous avaient emmenés captifs nous demandaient de chanter des cantiques, Alléluia. Et nos ravisseurs nous disaient : « Chantez-nous un cantique de Sion ». Alléluia. Comment chanterions-nous un cantique du Seigneur sur une terre étrangère ? Alléluia. Si je t’oublie, Jérusalem, qu’à l’oubli ma droite soit livrée. Alléluia. Que ma langue s’attache à mon palais si je ne me souviens plus de toi, si je ne fais de Jérusalem la première de mes joies. Alléluia. Souviens-Toi, Seigneur, des fils d’Édom, qui disaient au jour de la ruine de Jérusalem : « Détruisez, détruisez-la jusqu’à ses assises ! » Alléluia. Fille de Babylone, misérable, bienheureux qui te revaudra les maux que tu nous valus. Alléluia. Bienheureux celui qui saisira tes petits enfants et les brisera contre la Pierre. Alléluia.


HOMÉLIE DE ST JEAN CHRYSOSTOME SUR L’ÉPÎTRE DE CE JOUR

Vous êtes les membres du Christ, nous dit l’apôtre, vous êtes le temple de l'Esprit ; ne devenez donc pas membres d'une prostituée, car ce n'est pas votre corps que vous déshonorez, mais celui du Christ. Par là, il nous fait voir la bonté du Christ, puisque notre corps est le sien, et en même temps il veut nous arracher à un funeste esclavage. En effet, si votre corps appartient à un autre, vous n'avez pas le droit de le déshonorer, surtout s'il appartient au Maître, ni de souiller le temple de l'Esprit. On punirait du dernier supplice celui qui entrerait dans un domicile étranger et s'y livrerait à la débauche; quel ne sera donc pas le châtiment de celui qui aura fait du temple du roi une maison de voleurs? Dans cette pensée, respectez l'habitant, qui n'est autre que le Paraclet; craignez celui qui est lié, adhérent à vous-même, et qui est le Christ. Est-ce vous qui vous êtes fait membre du Christ? Songez à cela, à qui étaient les membres, à qui ils sont aujourd'hui, et restez chaste. C'étaient auparavant des membres de prostituée, le Christ en a fait les membres de Son propre corps. Vous n'en êtes donc plus le maître ; servez celui qui vous a affranchi (…) Celui qui s'unit à une prostituée devient un même corps avec elle; mais celui qui s'attache au Seigneur est un seul esprit avec lui ». Il devient tout esprit à la fin, quoique enveloppé d'un corps. Quand il n'a rien de corporel, d'épais, de terrestre, son corps n'est qu'un simple vêtement; quand toute l'autorité appartient à l'âme et à l'esprit, Dieu est alors glorifié. Aussi avons-nous l'ordre de dire dans la prière : « Que Ton nom soit sanctifié » ; et le Christ nous dit : « Que votre lumière brille devant les hommes, afin qu'ils voient vos bonnes œuvres et qu'ils glorifient votre Père qui est dans les cieux ». (Matth. V, 16.) Ainsi Le glorifient les cieux, non en parlant, mais en excitant l'admiration par leur aspect et en faisant remonter leur gloire au créateur.
Glorifions-Le, nous aussi, comme eux et même plus qu'eux ; nous le pouvons, si nous le voulons. Car ni le ciel, ni le jour, ni la nuit ne glorifient Dieu comme une âme sainte.. De même qu'à l'aspect de la beauté du ciel, on s'écrie : Gloire à Toi, ô Dieu ! qui as fait un si bel ouvrage ! Ainsi fait-on, et bien mieux encore, en voyant un homme vertueux… Et qui ne serait frappé d'étonnement, quand un homme qui n'a que la nature commune aux mortels, et qui vit au sein de l'humanité, résiste comme le métal le plus dur aux, assauts des passions? Quand à travers le feu, le fer, les bêtes féroces, il se montre plus fort que l'acier et triomphe de tout par le langage de la piété? Bénit quand on le maudit? Répond par des paroles bienveillantes aux injures? Prie pour ceux qui lui font tort? Fait du bien à ses ennemis et à ceux qui lui tendent des embûches? Oui, ces choses et d'autres de ce genre glorifient Dieu plus que les cieux. Car, en voyant le ciel, les païens ne rougirent pas; mais à l'aspect d'un homme saint, pratiquant la sagesse dans sa perfection, ils sont couverts de confusion et se condamnent eux-mêmes. En effet, quand un homme qui n'est point d'une autre nature qu'eux l'emporte sur eux autant, et plus même que le ciel ne l'emporte sur la terre, ils sont bien forcés de croire que c'est là l'effet de quelque puissance divine. Aussi, le Christ dit-Il : « Et qu'ils glorifient votre Père qui est dans les cieux ».

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