"Dans la confusion de notre époque quand une centaine de voix contradictoires prétend parler au nom de l'Orthodoxie, il est essentiel de savoir à qui l'on peut faire confiance. Il ne suffit pas de prétendre parler au nom de l'Orthodoxie patristique, il faut être dans la pure tradition des saints Pères ... "
Père Seraphim (Rose) de bienheureuse mémoire

lundi 18 septembre 2017

Pierre DAVYDOV: Une icône étrange

Saint Nouveau-martyr Jean le Russe


Les moniales du couvent de saint Prochore Pcinjski, situé dans le sud de la Serbie à quelques kilomètres de la frontière macédonienne, nous ont raconté cette histoire.

Quand nous sommes entrés dans l'atelier d'icônes du couvent, nous avons repéré une icône inhabituelle: un saint était représenté avec une croix à la main (il était clair que c'était un martyr ou un confesseur), mais il était vêtu d'un uniforme de soldat et d'habits non traditionnels. 

Quelqu'un supposa que c'était une représentation du soldat martyre russe Eugène [Evgeny Rodionov], qui resta fidèle au Christ jusqu'à la fin, n'accepta pas dôter sa croix de baptême, et fut assassiné par des bandits tchétchènes le 23 mai 1996 à l'âge de dix-neuf ans. 

Mais ce n'était pas lui: comme on le vit sur l'icône, les armoiries sur l'uniforme du soldat étaient serbes et non russes. Nous avons pris une loupe et avons lu l'inscription suivante en serbe: "Saint Jean le russe, confesseur. L'Aide du peuple serbe. "

Pourquoi était-il alors en uniforme serbe? Qu'est-ce que cela signifiait? Certes, tous les saints sont nos aides indépendamment de leur nationalité. Nous demandons l'intercession de saints tels que Georges the Tropéophore, Isaac le Syrien, du thaumaturge Nicolas de Myre et de Moïse l'Ethiopien. Mais pourquoi le saint confesseur Jean le russe?

C'est ce que les moniales nous ont raconté... 

Tout le monde se souvient de l'horrible campagne de bombardement de l'OTAN de mars 1999, à la suite de laquelle le Kosovo et la Métochie, berceau de l'orthodoxie serbe, sont tombés sous le pouvoir des islamistes et de leurs maîtres: les «pacificateurs» de l'OTAN. Nous nous souvenons aussi de ceux qui se moquèrent des «salutations pascales» que les envahisseurs écrivirent sur les bombes et les missiles. 

À la suite de ces bombardements, des milliers de personnes furent tuées. Les principales victimes de cette campagne brutale furent des civils innocents. Selon le représentant spécial des Nations Unies pour les droits de l'homme dans l'ex-Yougoslavie, Jiri Dienstbier, l'opération des Balkans de l'OTAN a causé plus de décès chez les civils que le conflit même au Kosovo pour la résolution duquel elle a apparemment été lancée. 

L'écologie de la Serbie fut dévastée, les industries du pays furent ruinées. Maintenant, dix-huit ans après ces événements, la Serbie, habituée à des guerres sans fin à travers son histoire, est progressivement restaurée. Mais des bombardements plus prolongés auraient probablement entraîné un chaos total dans le pays, et un plus grand nombre de victimes. 

Oui, la Serbie a été obligée de se soumettre à l'OTAN afin d'éviter la destruction totale et la dévastation du pays. Et, comme on s'en souvient, la Russie (qui avait déjà prêté main forte à la Serbie à plusieurs reprises) ne fut pas un partenaire fiable en ce moment-là. [1] Mais les Serbes s'appuyèrent sur des saints russes. 

Le saint confesseur Jean le Russe fut un exemple frappant d'humilité dans les circonstances difficiles que les Serbes traversaient. Lors de sa captivité en Turquie, saint Jean convertit plusieurs personnes au Christ par son humilité. Il n'y eut pas de victoires profanes et retentissantes dans sa vie, il n'y eut pas de grands hymnes en l'honneur du tsar russe, mais il y eut la victoire du Christ et de l'humilité: une victoire calme et radieuse de Dieu, Qui préfère convaincre par Sa présence et l'Amour, et un murmure doux et léger (1 Rois 19:12).

Et, comme nous l'ont dit les moniales, saint Jean le Russe, apparut à un moine serbe du Mont Athos pendant qu'il priait avec ferveur (dans la vision, le saint était vêtu d'un uniforme militaire serbe). Saint Jean déclara: "Je vais aider mes frères, les Serbes." Le lendemain, le 10 juin 1999, le bombardement de l'OTAN fut terminé...

Les chrétiens furent confrontés à des épreuves à tout moment pendant l'histoire, et nos jours ne font pas exception à cette règle. Si on regarde ce qui se passe au Kosovo-Métochie, on ne peut pas qualifier cela de vie paisible et heureuse. Cependant, la Bonne Nouvelle de Christ est toujours répandue malgré tout. Et, selon les moines des monastères locaux, certains des Albanais et des soldats de l'OTAN qui, d'abord, méconnaissaient l'Orthodoxie, et même étaient hostiles envers elle, sont finalement devenus des chrétiens orthodoxes engagés. 

Certains ont embrassé l'Orthodoxie après avoir connu des miracles, d'autres ont été inspirés par le «murmure doux et léger» mentionné ci-dessus - la Lumière paisible de l'Amour du Christ qui triomphe de toutes sortes d'armes.

Il est donc trop tôt pour dire que l'Orthodoxie au Kosovo et en Métochie est morte. Si un saint russe captif a réussi à convertir des milliers de personnes au Christ par sa douceur, alors pourquoi des milliers de Serbes orthodoxes, devenus captifs dans leur pays natal, ne feraient-ils pas de même?

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après
Pravoslavie.ru

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