"Dans la confusion de notre époque quand une centaine de voix contradictoires prétend parler au nom de l'Orthodoxie, il est essentiel de savoir à qui l'on peut faire confiance. Il ne suffit pas de prétendre parler au nom de l'Orthodoxie patristique, il faut être dans la pure tradition des saints Pères ... "
Père Seraphim (Rose) de bienheureuse mémoire

vendredi 2 mars 2018

Archimandrite Kirill [Pavlov]: La douce Lumière de l'authenticité (6)



De la catégorie de ses vertus habituelles et de son autodiscipline monastique, je me souviens d'un incident où il avait entièrement le droit de prendre une décision de façon indépendante dans une situation ou une autre, mais où il a appelé la Laure pour demander la bénédiction du père supérieur. 

Un jour, quand le père supérieur était absent, le Père Kirill se rendit à l'église de Peredelkino pour demander la permission au recteur. Quand le recteur s'est avéré absent et qu'il ne pouvait recevoir ni réponse positive ni négative, le Père Kirill a décidé de refuser l'événement proposé; et ceci indépendamment du respect avec lequel le supérieur de la Laure considérait le Père Kirill. 

Au cours des huit premiers mois après l'accident vasculaire cérébral, alors que sa vie était littéralement suspendue à un fil, les conversations sur la mort, au sujet de sa visite peut-être imminente devint une partie incontournable de notre vie hospitalière. Il fut un temps où nous devions demander à Batiouchka encore vivant où il voulait être enterré. N'est-il pas étrange de demander de telles choses à un moine obéissant? Et il nous a fait savoir que c'était vraiment une question étrange. "J'ai des supérieurs pour prendre cette décision", a répondu Batiouchka.

En 2009 est arrivé non seulement le quatre-vingt-quinzième anniversaire de Kirill, mais aussi la cinquante-cinquième année depuis sa tonsure dans le monachisme et son ordination au diaconat, puis au sacerdoce. Ce sont des chiffres sérieux. 

Nous devons également considérer que le sort des générations comme la sienne a été marqué par trop de lourdes épreuves. Un homme avec sa biographie, qui a vécu de telles années, ne peut qu'inspirer l'étonnement. 

Il y eut la collectivisation, ses amis et sa famille furent amenés à souffrir, sa jeunesse à demi affamée dans une atmosphère de dénonciations totalitaires et d'arrestations partout, la Seconde Guerre mondiale et les difficultés sans précédent des années d'après-guerre. Et ceci sans oublier de mentionner ce que c'était que d'étudier dans des écoles de théologie et de se sauver dans des monastères sous un gouvernement athée... 

Quelquefois je pense, qu'est-ce qui doit prévaloir dans le caractère d'un homme qui a traversé de telles épreuves et qui pourtant a préservé non seulement son humanité mais aussi son amour enfantin de la vie? Une forte volonté et une fermeté de caractère? Oui, ces deux choses étaient là, sans aucun doute. Foi et résolution? Elles étaient aussi là. Mais tout de même, il n'y a rien de plus ferme ou de plus fort qu'un cœur tendre, rempli de compassion pour le monde entier. 

Il ne se considérait pas comme un bienfaiteur de l'humanité; au contraire, il était heureux de sa possibilité de faire le bien. Il sentait qu'il en avait reçu le bénéfice. Il y a environ trois ans, déjà alité, il a dit: "Je remercie Dieu d'avoir pu servir les gens..."

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après

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